Peut-on encore sauver le commerce de proximité ? Il n’est pas trop tard, mais il faut prendre des mesures radicales rapidement si l’on en croit le rapport sur l’avenir du commerce de proximité remis le 5 novembre 2025 au gouvernement. Le document dresse un constat sans appel : face à la concurrence déloyale des plateformes étrangères, à la vacance commerciale croissante (10,64 % en centre-ville, 16 % dans les galeries marchandes) et à la transformation des usages, le secteur doit se réinventer. Piloté par Frédérique Macarez (maire de Saint-Quentin), Antoine Saintoyant (Banque des Territoires) et Dominique Schelcher (Coopérative U), ce travail s’appuie sur 50 auditions et des immersions terrain (Caen, Toulon, Hyères-les-Palmiers, Val-de-Reuil, Saint-Quentin).
Un commerce en mutation
Les rapporteurs soulignent une baisse de la consommation (-0,4 % en 2024), une explosion du e-commerce (175,3 milliards d’euros en 2024) et une polarisation des achats entre prix bas et expériences (restauration, loisirs). Le prêt-à-porter, en déclin (-50 000 emplois en 10 ans), cède la place à une offre plus conviviale. Dans les 1 609 quartiers prioritaires (QPV), la pénurie de commerces de première nécessité et l’insécurité aggravent la situation.
30 recommandations, 12 prioritaires
Pour agir, le rapport formule 30 recommandations dont 12 jugées prioritaires :
- Lutter contre la concurrence déloyale : contrôles renforcés sur les biens importés, taxe de 2 € sur les achats numériques, respect des règles de promotion en ligne.
- Élargir les pouvoirs des maires : avis obligatoire sur les implantations commerciales.
- Prolonger le programme d’Action Cœur de Ville au-delà de 2026, et création de schémas directeurs commerciaux.
- Soutenir les QPV : chefs de projet commerce dans les contrats de ville, foncières solidaires, et baux commerciaux d’utilité sociale pour plafonner les loyers.
- Dynamiser l’immobilier : réduction du délai de taxation des friches à 6 mois, acquisition facilitée de locaux par les collectivités.
« L’heure est à l’action collective », insistent les rapporteurs, pour qui ce plan est « une feuille de route opérationnelle »contre le « plan social à bas bruit » qui menace les territoires.








