Ce sont les relations entre les élus locaux et le pouvoir national qui sont compliquées : le poids pris par la technostructure, et notamment Bercy, se fait sentir, pas seulement sur le plan financier. J’ai été maire et député. Je mesure que beaucoup de députés élus en 2017 n’ont jamais été élus localement. Ils sont un peu hors sol et ne savent pas comment vivent les élus locaux. C’est un système global, pas la seule question du président. Je dis souvent que le système politique bouge et le pouvoir central, lui, ne bouge pas.
Entre l’État et les collectivités, ça ne peut fonctionner que dans des relations de confiance. Qu’attend-on des collectivités ? Sont-elles des sous-traitantes des politiques décidées à Paris ? Il faut revenir aux valeurs fondamentales : la libre administration des collectivités locales et le respect de la Constitution qui précise que la République est décentralisée. Nous ne sommes pas un service déconcentré de l’État ! Le projet de loi de finances 2023 n’envoie pas un signe positif : la suppression de la CVAE sans discussion préalable avec les élus locaux n’est pas de nature à rétablir la confiance.
Je ne suis pas demandeur d’un nouveau chapitre de la décentralisation. Pour nous transférer quelles compétences, quelles missions ? L’État ne peut chercher à se débarrasser de missions qu’il n’a plus les moyens de prendre en charge. La question, c’est de savoir quel est le meilleur échelon pour gérer. C’est parfois l’État, on le voit avec le sujet complexe du RSA ; ce sont parfois les collectivités. Ce qui compte, ce n’est pas d’ouvrir un nouveau chapitre de la décentralisation, c’est que l’on nous donne les moyens de remplir nos missions et qu’on rétablisse une imposition vraiment locale.