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Ça se passe à Dieppe 26 ici, on défend une pêche à échelle humaine

Entre technique industrielle et artisanat, les petits pêcheurs dieppois ont choisi.
La rédaction
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Publié le 28 février 2023

Fruit d’un consensus entre les marins pêcheurs normands, la pêche à la coquille Saint-Jacques fait l’objet de règles locales : « Les pêcheurs décident de l’ouverture et de la fermeture de la saison, explique Dominique Patrix, adjoint au développement portuaire et à l’identité maritime de Dieppe, en Seine-Maritime. Ils définissent aussi des quotas hebdomadaires, selon l’état de la biomasse et la taille du bateau. Tout cela est fluctuant, mais ce qui est sûr, c’est que nous avons le droit de pêcher deux tonnes de coquilles Saint-Jacques par 24 heures, soit cinq
fois moins que les Anglais.
» Structurée autour de trois gisements — en baie de Granville, en baie de Seine et sur la bande côtière —, cette pêche se fait en eaux territoriales françaises, c’est-à-dire à moins de douze milles des côtes, contrairement aux pratiques britanniques. « Depuis une dizaine d’années, nous faisons aussi attention à l’état sanitaire des gisements, ajoute l’élu, en procédant à des analyses de toxines notamment. » « C’est un très bon exemple d’autogestion
de la ressource,
estime Sébastien Jumel, député de Seine-Maritime. Les pêcheurs sont plus responsables et plus respectueux qu’on ne le dit et qu’on voudrait les caricaturer. »

Interdire les techniques destructrices

Plus fondamentalement, ces différentes pratiques de pêche à la coquille Saint-Jacques illustrent certains des enjeux qui se nouent autour de la promotion d’une pêche plus durable : « On veut des circuits courts pour le consommateur, avec des marées de 24 à 48 heures qui ne sont possibles que pour de petits bateaux pêchant en bande côtière, décrypte Dominique Patrix, mais en même temps, on est en train de financiariser la bande des douze milles qui devient une zone industrielle et on se retrouve avec des senneurs hollandais de 30 mètres à 6 km de nos côtes. On voudrait les repousser en dehors des douze milles, car ce sont des techniques de pêche destructrices, qui ont déjà vidé la mer du Nord et qui s’attaquent maintenant à la Manche, mais nous ne sommes pas soutenus par Bruxelles. »

Emploi local

Porte-drapeau des petits pêcheurs, Sébastien Jumel a tenté — en vain — en septembre dernier de faire adopter par l’Union européenne l’interdiction de la senne démersale dans la bande côtière dans les Hauts-de-France et en Normandie : « Défendre la pêche artisanale contre la senne démersale, c’est mon combat, insiste le député. C’est indispensable pour l’environnement, mais aussi pour l’emploi local. On doit continuer à se battre contre une politique européenne des quotas qui privilégie les gros au détriment des petits. » Avec en ligne de mire les senneurs néerlandais, dont les filets attrape-tout sont mortifères pour la pêche artisanale, Sébastien Jumel compte bien revenir à la charge cette année pour soutenir en Normandie un modèle de pêche plus durable, économiquement et
humainement.

1. Le nom « senne » désigne un filet formant un demi-cercle, l’adjectif « démersal » qualifie ce qui ne flotte pas.

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