Ce jour-là, les Africains ont marqué tous les buts. Ce jour-là et d’autres encore, au point que l’équipe de football de Luzy a grapillé quelques places au classement national. Une performance inimaginable il y a quelques années pour cette petite ville de 2 000 habitants dont le déclin démographique entamé il y a quarante ans paraissait inexorable. La nuée de résidants secondaires néerlandais qui s’est abattue sur la région n’assurait en rien la survie de cette petite perle du Morvan qui a encore ses commerces, son cinéma et un restaurant d’assez haute volée.
Dès son entrée en fonction, Jocelyne Guérin, maire depuis 2014, n’a pas fait mystère de sa volonté d’accueillir des réfugiés sur son territoire. Elle l’a fait voter à l’unanimité par son conseil municipal et l’a portée à la connaissance de la préfecture de la Nièvre. « L’accueil de demandeurs d’asile s’inscrit dans une politique de revitalisation, avec celles d’urbains ou de retraités. Il s’agit d’un accueil dans sa globalité », tient-elle à préciser.
Des contacts sont noués avec une antenne de la FOL (Fédération des œuvres laïques) du département, enthousiasmée par l’idée, puis avec Nièvre Habitat, propriétaire de barres de HLM des années 1950 à réhabiliter. Le gîte et le couvert assurés, la maire réunit tous les Luzycois dans la salle des fêtes. Et l’extrême droite ne manque pas de s’y inviter. « Mais nous avons tenu bon. Je connais mes concitoyens et j’ai pu démonter les arguments de trottoir. Ils se sont fait sortir », raconte Jocelyne Guérin. Le Rassemblement national a lancé une pétition sur les réseaux sociaux, a recueilli 200 signatures extérieures à la commune et tous les contre-feux allumés se sont éteints.