La terre n’est cultivée ni avec science, ni avec amour ; car les hommes qui ignorent la loi de la solidarité, qui les relie tous, doivent ignorer aussi la loi du lien qui les unit à la terre
Dans les années 1840, la célèbre George Sand se passionne pour le socialisme humaniste et religieux de Pierre Leroux. Pierre Lubin, qui a réédité la correspondance de Sand, l’affirme : elle ne jure plus que par lui ! Quelque peu oublié des livres d’histoire, Leroux est un théoricien du socialisme. Il affirme même être l’inventeur du mot socialisme dans les années 1830. Un néologisme que Leroux oppose à l’individualisme ambiant de l’époque du roi Louis-Philippe. Une société où l’avidité de parvenir devient le maître mot, immortalisée par les romans de Balzac. Car l’ambition de Balzac est d’analyser de façon scientifique la société de Louis-Philippe. La restituer dans son âpreté, dans sa fragilité. C’est mesurer aussi l’étrangeté qu’elle constitue aux yeux de ces observateurs du monde que sont les artistes, et les penseurs politiques. Étrange distance aussi entre ces créateurs de l’époque romantique, et une réalité quotidienne très âpre.
Ces années de profonde mutation préfigurent en bien des points notre société actuelle. Y compris dans l’analyse du lien entre l’homme et la terre, et ce qu’on appelle l’écologie. Comme Sand, Pierre Leroux défend mordicus le lien de l’humain et de sa terre. Pour George Sand, c’est son Berry natal, le monde paysan, ses valeurs. La beauté mais aussi la simplicité des paysages et des mœurs. Une société à taille humaine dont elle connaît certes les travers, mais qui lui...