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Narcotrafic : ce qu'en disent les maires

Cinq maires témoignent des conséquences du narcotrafic sur la vie de leur commune et mettent en avant des solutions.
La rédaction
Elsa AOUSTET
Publié le 2 avril 2025

Nicolas Isnard : maire de Salon-de-Provence (13)

« L’arme du maire, c'est le réaménagement de l’espace public »

— Votre commune a été touchée par une fusillade en 2020, déclenchée à la sortie d’une école, par des trafiquants de drogue. Comment cet événement a-t-il changé votre façon d’appréhender le narcotrafic ?

Nicolas Isnard : Cela nous a montré jusqu’où pouvaient aller les trafiquants. Ce drame a traumatisé la population, mais aussi les élus du conseil municipal qui ont pris conscience de la nécessité d’amplifier la guerre contre les dealers. Nous sommes partis d’une analyse : le trafic de stupéfiants est un commerce. Pour vendre un produit, il faut des conditions, comme des lieux propices permettant de cacher la marchandise, voir arriver les clients ou la police, des portes de sortie… Nous avons cassé et réaménagé les zones utiles à ce commerce illicite pour le rendre inexerçable. En fait, l’arme du maire est le réaménagement de l’espace public.

— Pouvez-vous décrire concrètement vos actions ?

N. I. : Coups de tractopelle, caves murées, arbres arrachés, poses de caméras, aération de l’espace public, immeubles abattus… Petit à petit, nous sommes arrivés à détruire et repenser les espaces qui servaient au deal. Notre ville est ainsi passée de moins de 30 caméras en 2014, à plus de 200 aujourd’hui. Nous disposons d’un centre de supervision urbaine qui fonctionne 7 j/7 et 24 h/24 avec des agents en continu derrière les écrans. Ils peuvent ainsi transmettre les images à la police nationale et municipale et permettre des interventions ultra rapides. D’ailleurs, notre police municipale est aussi active tous les jours et à toutes les heures. Résultats : aujourd’hui, nous sommes en train de gagner la bataille, car il n’existe plus aucun point de deal actif sur notre commune.

— Pourquoi votre méthode, qui semble si efficace, n’est-elle pas déclinée partout ?

N. I. : C’est une question d’échelle et de moyens. Aujourd’hui, les trafics qui existaient dans les villes arrivent dans les villages. Ces derniers n’ont pas les mêmes capacités d’action. Car il faut pouvoir installer des caméras, tenir une police municipale, disposer de services techniques suffisamment forts pour intervenir dès la découverte d’une zone sensible. À Salon-de-Provence, nous avons la chance d’avoir une forte imbrication entre police municipale et nationale. Nous pouvons aussi compter sur une compagnie de gendarmerie qui loge sur la commune et qui a été mobilisée occasionnellement. Notre territoire est en outre attractif. Notre police municipale dispose de postulants de qualité issus des milieux pénitentiaire et militaire. Ces derniers, venus pour une affectation, souhaitent ensuite rester et bénéficient des passerelles entre les fonctions publiques. Enfin, notre ville ne connaît en réalité que deux zones sensibles. Nous ne sommes pas dans la situation de Marseille où il existe des dizaines de points chauds. C’est aussi un travail de longue haleine, notamment quand il s’agit d’abattre des immeubles, comme ce que j’ai fait l’été dernier et que je vais reconduire cette année. Il faut reloger les populations.

— Quand vous parlez d’immeubles abattus, il s’agit d’un partenariat avec les bailleurs publics ?

N. I. : J’ai fait abattre un petit immeuble de huit logements qui appartenait à la ville et qui abritait des trafics. Nous l’avons vidé de ces habitants. Aujourd’hui, c’est une vaste esplanade où il est impossible de dealer. Mais, le travail avec...

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