Entre besoin accentué de nature et nécessaire adaptation de la ville au réchauffement climatique, l’attention portée aux parcs
et jardins urbains se renforce. Élus, urbanistes et paysagistes prennent désormais en compte de nouvelles exigences, sociales, sanitaires, environnementales.
Temple de la contemplation, le jardin à la française façon XVIIe siècle est un lieu de promenade, de flânerie, d’observation. Les arbres, la flore, l’eau, tout y est ordonné, canalisé. Y compris la place du public, cantonné à des allées tracées au cordeau. S’ils ont évolué, en autorisant par exemple l’accès saisonnier à leurs pelouses, les jardins des Tuileries et du Luxembourg témoignent de cette conception paysagère, voire muséale, avec statues et fontaines somptueuses.
Des parcs à vivre
Loin de ces parcs-musées, la priorité aujourd’hui est de favoriser l’appropriation des espaces verts par les habitants. « Dans les nouveaux jardins, les attentes en termes d’usage ont complètement évolué, analyse Patricia Pelloux, directrice adjointe de l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme). Les pelouses sont dès le départ conçues pour être accessibles, car il y a un besoin de contact plus direct avec la nature, même avec le sol. » S’allonger sur le gazon pour bouquiner ou y retrouver des amis pour pique-niquer aux beaux jours, les jardins répondent à des attentes individuelles, ainsi qu’à des demandes collectives.
Les opportunités sportives sont aussi maintenant intégrées dès le départ, à travers l’installation de terrains de sport, d’agrès, de parcours de santé. « Le parc Martin Luther-King, dans le 17e arrondissement de Paris, a marqué un moment clé, considère Patricia Pelloux. Sport et nature ne sont plus dissociés, il y a moins de clôtures, les espaces de skate ou de jeu sont moins isolés. »
L’arrivée du Wi-Fi et l’accès à la 5G rendent également les parcs plus attractifs, y compris pour un public jeune. Ils favorisent par conséquent le lien social et intergénérationnel, même si les différentes catégories d’usagers – actifs connectés, retraités, enfants à la sortie de l’école, familles… – fréquentent les espaces à différents moments de la semaine et de la journée. L’adaptation des horaires d’ouverture contribue d’ailleurs au succès des espaces verts, avec, par exemple, quand la canicule frappe, l’ouverture nocturne l’été de certains parcs urbains, chose inimaginable il y a quelques années.
Ces évolutions résultent en partie des concertations qui sont désormais menées à chaque création ou restructuration de parcs (voir les exemples présentés pages 56 à 60), tant pour les grandes opérations que pour les plus modestes. Car la multiplication des espaces, de toutes tailles, fait aussi partie des caractéristiques...