Repenser le territoire, c’est repenser la société.
Des métropoles tentaculaires, des villes moyennes en souffrance et des villages oubliés, voilà la carte des territoires en France. Bien sûr, le constat vaut, parfois plus implacable encore, pour la plupart des pays du monde, puisque le propre de la mondialisation est de faire vibrer au même diapason l’humanité tout entière.
Pour autant, faut-il l’accepter ? Faut-il imiter ce modèle global, voire l’anticiper sans le discuter ? Nous y voilà ! La grande unité urbaine qui produit la richesse en même temps qu’elle exclut ou qu’elle incorpore à sa marge les populations, la métropole qui domine et qui dicte ses règles à tous, représente-t-elle le modèle que les Français veulent voir s’étendre inexorablement sur tout le pays ? Sans doute que non. Dès lors, il nous faut repenser l’aménagement du territoire, cessez de voir dans la mondialisation libérale la solution à tous nos problèmes. C’est ce même aveuglement qui nous a fait abandonner notre industrie et qui est en train de nous pousser au gigantisme urbain et à l’uniformisation. Faut-il ressembler à Shanghai, Tokyo, Delhi ou São Paulo pour offrir une vie heureuse aux habitants ?
Le défi de la France est territorial, il nous faut inventer un modèle qui respecte les territoires et les redynamise. L’État a son rôle à jouer, prépondérant, quand on injecte plus de 50 milliards d’euros par an pour quelques métropoles et à peine 10 milliards pour 200 villes petites et moyennes, il ne faut pas s’étonner qu’on accentue encore la fracture.
Repenser le territoire, c’est repenser la société, il y a urgence à organiser des États généraux du territoire, et s’il faut engager une grande conversation avec les Français, c’est sur ce thème qu’il faut l’initier. Sans quoi, la sécession entre une France urbaine, mobile et branchée et une France périphérique, traditionnelle et méprisée, déclenchera une crise d’une ampleur inédite.