En bref

Le billet

Par Frédéric Durand, Directeur de L'Inspiration politique.
La rédaction
La rédaction
Publié le 6 janvier 2023

Bienvenue dans l’ère de « la glocalisation »

Ce terme, à la rugosité froide du lexique technocrate, pourrait révéler l’ultime facette d’une mondialisation en panne d’idées. Mot valise forgé à la fin du 20e siècle à partir du concept japonais de « localisation globale », il s’est popularisé depuis, sans échapper aux inévitables controverses entre sociologues, anthropologues ou géographes sur la définition exacte qu’il convenait d’en retenir.

Pour nous en tenir au seul registre politique, disons que dans ce passage du local au global, la transition s’opère sans qu’il ne soit nécessaire de faire une halte à l’échelle nationale. Reconnaissons que l’État-nation étant perçu par l’élite libérale comme une encombrante barrière à la libre circulation des flux humains et financiers, le phénomène a de quoi séduire. Quitte à tourner ailleurs le regard lorsqu’il s’agira de lui rappeler que la souveraineté du peuple s’exerce justement au niveau de la nation, et qu’en tant que défenseurs de la démocratie, il serait de bon aloi que cette même élite dose son enthousiasme.

Bien avant que le mot n’existe, certains de nos produits étaient déjà la conséquence directe de cette « glocalisation » : nos Champagnes ou nos Grands crus du Bordelais ou d’ailleurs, sont autant de produits historiquement « glocalisés » sans que personne ne trouve à s’en plaindre, bien au contraire.

Cependant, à cette « glocalisation » de la première heure vient se greffer une version plus moderne. Moins valorisante pour les territoires, elle consiste à passer au tamis de la mondialisation le produit d’identité locale, le recouvrir d’une onction folklorique, le formater selon les standards de la consommation de masse pour obtenir un ersatz aseptisé sans odeur ni saveur. Soit l’exact inverse de l’esprit qui prévalait à fabrication du produit d’origine.

Mais la glocalisation ne concerne pas que les objets de consommation. Elle implique désormais également la culture locale, les traditions qu’il s’agirait d’hybrider pour obtenir un résultat « globalisable » donc exportable. À ce titre, les controverses des chercheurs sont assez puériles, puisque c’est bien le néolibéralisme qui a pris les commandes pour d’évidentes raisons économiques.

On comprend que le local, peut-être un produit de consommation comme un autre. D’ailleurs, la maire d’un village dans le Var nous expliquait il y a peu, que les gens de la grande ville voisine qui venaient s’installer sur son territoire avaient des exigences auxquelles elle refusait désormais de répondre. À les écouter le bus devait venir jusque devant chez eux pour récupérer leurs enfants pour l’école, demande accompagnée de mille autres sollicitations pour avoir des services sur mesure. Des consommateurs de territoire, venus des métropoles et parfaitement indifférents aux contraintes locales.

Car le local est devenu un enjeu politique et économique. En même temps que l’on veut dissoudre toute frontière pour installer la « Société Monde », on veut conserver quelques morceaux vivants des identités locales pour les vendre à l’export.

Nous portons avec notre revue L’Inspiration politique, une vision diamétralement opposée à celle-ci. Une vision faite de respect et parfois d’émerveillement face aux pratiques locales, qu’elles soient le fruit d’innovations pour s’adapter ou d’héritages du passé.

Avec ses valeurs, toute l’équipe de L’Inspiration politique, vous souhaite une très bonne année 2023, la plus authentique et la plus heureuse possible.

Frédéric Durand, Directeur de L’Inspiration politique.

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