Trafic de cannabis : faut-il poursuivre la prohibition ?

Avec 5 millions de consommateurs, le cannabis est la drogue la plus répandue en France. Près de dix fois plus consommée que la cocaïne et ses dérivés, la substance génère le plus fort trafic dans un nombre croissant de villes moyennes et petites. À tel point que la question de la « déprohibition » est de nouveau posée par les élus locaux, avec ses partisans et ses contempteurs.

Par Frédéric DURAND

La France compte aujourd’hui deux fois plus de points de deal que de McDo. Des villes périphériques jusqu’ici épargnées par le trafic sont devenues en quelques années des plaques tournantes, laissant les pouvoirs publics locaux désemparés. D’autant que, lorsque les forces de l’ordre parviennent à éradiquer un point de deal, un autre voit le jour, parfois quelques dizaines de mètres plus loin. C’est l’une des limites de la stratégie de « pillonnage » des points de deal revendiquée par l’actuel ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. De quoi désespérer les élus locaux et surtout les habitants qui subissent quotidiennement des nuisances et sont parfois les témoins de règlements de comptes d’une extrême violence. Et avec plus de cinq millions de clients, le marché du cannabis n’est pas près de se tarir, la France demeurant le plus gros consommateur d’Europe. Son chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’euros annuels (un seul point de deal peut générer de 8 à  12 000 euros par jour) et ses 220 000 employés prouvent que la filière est parfaitement huilée et fonctionne à plein régime malgré tous les efforts de la puissance publique pour en venir à bout. Après cinquante ans de lutte contre le trafic de cannabis, certains se demandent si la prohibition se justifie encore. Un collectif interne à la police et à la gendarmerie, en désespoir de cause, s’est même créé pour s’opposer à la prohibition. « Policiers et gendarmes y consacrent un

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