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Frédéric Dabi «L'échelon territorial maximise les envies d'engagement»

Les citoyens sont d’autant plus prêts à s’investir qu’ils peuvent agir près de chez eux, et sur du concret, analyse Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l’Ifop. ENTRETIEN
La rédaction
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Publié le 18 octobre 2022

VOUS PERSONNELLEMENT,
SERIEZ-PRÊT À CONSACRER DU TEMPS BÉNÉVOLEMENT POUR PARTICIPER À LA VIE DE VOTRE VILLE ?

 

 

— Une majorité de Français se disent prêts à s’engager pour agir bénévolement pour leur ville, jusqu’à 62 % chez les 18/24 ans. Ces chiffres vous surprennent-ils dans une société souvent décrite comme individualiste ?

Frédéric Dabi : Je ne suis pas étonné outre mesure par ces résultats plutôt encourageants. Ce chiffre particulièrement élevé, observé chez les jeunes générations, s’inscrit pleinement dans cette envie d’engagement d’une forte partie de la jeunesse, que j’ai pu observer dans mon livre La Fracture. Si cette jeunesse tend malheureusement à se dépolitiser, elle n’en est pas pour autant désengagée. Par ailleurs, l’échelon territorial de ce souhait d’engagement bénévole n’est pas anodin, et je dirais qu’il « maximise » les velléités d’engagement. En effet, la commune reste pour les Français un référent de confiance dans laquelle les élus parviennent encore à changer la vie, à transformer leur quotidien. Dans ce cadre, le coût/bénéfice lié à un engagement citoyen penche nettement du bon côté !

 

— Au regard de ces résultats, les maires ne devraient-ils pas davantage solliciter leurs administrés pour s’impliquer dans des actions concrètes ? Quel en serait le risque ?

FD : Ils le font déjà, et de plus en plus régulièrement, notamment à travers les outils de la démocratie participative, dans la mesure, et notre enquête l’atteste, où la demande citoyenne est réelle. Pour autant, cette démarche n’est pas exempte de risques. J’en entrevois deux : il s’agit d’une part pour une municipalité de multiplier les appels à candidatures des citoyens pour, au final, ne pas les solliciter ou le faire marginalement. D’autre part, le risque déceptif est grand pour un exécutif municipal de ne pas inscrire cette démarche citoyenne dans un projet de ville global, permettant aux individus concernés de trouver un sens à leur engagement.

— La solidarité et l’environnement sont les thèmes plébiscités pour s’engager, avec 40 % ou plus d’adhésion, loin devant l’éducation (28 %), la culture (25 %), la santé et le sport (21 %). Comment expliquer le succès de ces thématiques et le relatif désintérêt pour les autres domaines ?

FD : On retrouve, ici, la hiérarchie fréquemment observée sur ce type de questions. Quand on interroge des bénévoles – et ce, quelle que soit l’association –, la notion de solidarité constitue littéralement la motivation cardinale de leur engagement. S’agissant de l’environnement, le ressort est différent. Face à l’échec des politiques à résoudre (voire prendre simplement en charge les enjeux liés au climat), beaucoup de Français et notamment les jeunes générations prônent, dans un but d’efficacité, l’engagement individuel.

— Le public urbain et diplômé semble le plus enclin à s’engager : est-ce parce que des solidarités spontanées existent déjà en milieu rural, ou parce que les thématiques les plus sensibles (comme l’environnement) sont davantage une préoccupation des villes ?

FD : La disposition à s’engager est en effet indexée sur le capital culturel, d’où l’écart de près de 20 points entre titulaires d’un diplôme supérieur et non diplômés. Pour autant, le fait que 46 % de ces derniers envisageraient de faire du bénévolat pour participer à la vie de leur territoire révèle clairement à quel point l’engagement citoyen fait voler en éclat les clivages traditionnels. S’agissant de la dichotomie rural/urbain, elle est, comme vous le suggérez, à relier au rapport avec la nature, fondamentalement différent en fonction de la catégorie d’agglomération. Une récente étude IFOP/Familles Rurales avait confirmé les dispositions plus fortes à s’engager, notamment sur le climat, dans les métropoles.

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