AU SOMMAIRE DU DOSSIER
En 20 ans, on est passé du rêve de pays sans usines à l’impératif de réindustrialisation (ci-dessous)
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En 20 ans, on est passé du rêve de pays sans usines à l’impératif de réindustrialisation
Une autre époque ! En 2001, Serge Tchuruk, le patron d’Alcatel, vantait son plan stratégique devant un parterre d’investisseurs : faire de la multinationale française « une entreprise sans usines ». La « valeur ajoutée » — comprenez pour l’actionnaire — était dans la matière grise, le reste avait vocation à être délocalisé là où les coûts de fabrication étaient le moins élevés possible. Et nombreux étaient ceux à l’époque qui prônaient les vertus d’un pays moderne tourné vers les services.
Depuis, Alcatel a été dépecée et bradée. Et des experts aux politiques, on prône la réindustrialisation ! Voire la relocalisation d’activités délocalisées il y a quelques années. Il faut dire que les crises successives — accident nucléaire de Fukushima, pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine… — ont fait sentir les conséquences des désordres et des ruptures de chaînes d’approvisionnement mondial. L’épidémie a porté le coup de grâce aux yeux du grand public, découvrant avec stupéfaction un pays se targuant d’être la cinquième puissance économique mondiale, mais incapable de fabriquer des masques en papier, des équipements de protection de base pour ses soignants, des médicaments courants, des respirateurs pour les malades…
De fait, depuis le milieu des années 2010, les politiques mises en place par les gouvernements successifs ont consacré beaucoup de moyens à des dispositifs et des réformes (CICE, baisse de l’impôt sur les sociétés, baisse des cotisations sociales, réformes du Code du travail…) censés favoriser « l’attractivité », c’est-à-dire attirer des investissements étrangers en France.