Comment vieillit-on ailleurs dans le monde ?

Julia Mourri et Clément Boxebeld ont fait le tour du monde en 2017 pour voir comment on vieillit ailleurs. Ils ont ensuite fait la même expérience avec les régions françaises. Leur projet Oldyssey, conçu comme un média, a reçu l’an dernier le soutien du ministère de la Culture pour développer cette thématique. Clément travaille actuellement sur un autre projet, ShareAmi, découvert au Brésil, où des jeunes qui apprennent l’anglais sont mis en relation avec des personnes âgées parlant la langue. Mille étudiants de 150 pays sont inscrits. Propos recueillis par Patrick MARTIN

— Qu’est-ce qui vous a conduits à vous intéresser au grand âge ?

Julia Mourri : Avec mon compagnon Clément Boxebeld, nous avions un lien très fort avec nos grands-parents et, en les voyant vieillir, des questions inédites se posaient. C’est la première génération qui vit aussi longtemps et avec laquelle se créent des liens forts, sur le long terme. Nous avons eu envie de voir comment on vieillit dans d’autres cultures, quels projets se mettent en place dans chaque pays, et peuvent nous inspirer en France. Nous trouvions aussi que les personnes âgées étaient peu visibles sur les réseaux sociaux, qu’elles avaient moins la parole. Le fait qu’elles se fassent entendre devait finir par les rendre visibles. C’est comme ça qu’est né le projet Oldyssey.

— Quel a été le processus d’Oldyssey ?

Julia Mourri et Clément Boxebeld : Nous sommes partis pendant un an en 2017 dans une douzaine de régions du monde. Nous avions identifié des projets que nous voulions mettre en avant, des initiatives innovantes qui rapprochent les âges, valorisent le rôle des personnes âgées, et leurs acteurs. Nous restions un mois dans chaque pays et réalisions trois ou quatre vidéos. Parfois plus. Outre montrer les projets, nous avons fait des portraits de personnes qui nous inspiraient.

— Ces initiatives sont-elles soutenues par le public ou plutôt par le privé ?

JM et CB : C’est très variable. Assez souvent, ce sont des initiatives engagées par des citoyens, réalisées à petite échelle. Parfois, l’État a suivi. Comme au Québec, où Nicole Poirier a créé la maison Carpe Diem pour les personnes ayant la maladie d’Alzheimer. Son travail, qui proposait un accompagnement très adapté aux besoins de chaque personne, ne rentrait pas dans les enveloppes de financement de l’État. Petit à petit, elle a réussi à avoir le soutien de la santé publique.

« Nous filmons le savoir-faire des seniors et les vidéos sont postées sur les réseaux sociaux d’Oldyssey »

Au Japon, la façon dont les villes investissent nous a marqués. Dans la ville de Fukuoka, tous les agents municipaux sont formés à identifier une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, et tous les aidants sont formés aux gestes de la tendresse, à communiquer avec son proche quand il a une maladie cognitive. Le pays, où vivent le plus de centenaires au monde, développe aussi le modèle de petits lieux de vie, à taille humaine, pour personnes âgées dépendantes. Nous avons visité un de ces lieux et, à l’époque, le gouvernement lançait des appels à les développer, à l’échelle des villes.

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