Articles dossier, ENTRETIEN

Imed Robbana « Améliorer le vivre ensemble »

L’habitat participatif est un modèle d’avenir pour tous, et pas seulement pour les bobos.
La rédaction
La rédaction
Publié le 20 juin 2023
À lire aussi : Coloc ou coliving, de nouvelles manière d’habiter

— Quelle est votre motivation, au COL, pour produire de l’habitat participatif ?

Imed Robbana : Nous ne voulons pas produire des logements de façon industrielle comme des yaourts, mais créer de vrais lieux de vie ; nous ne voulons pas faire entrer les gens dans des cases, en leur proposant à tous le même T2, mais adapter les cases aux gens. C’est pour cela que les projets d’habitat participatif sont complexes. Mais nous avons la conviction que ça vaut le coup pour recréer des solidarités, ce qui est indispensable dans le monde de brutes dans lequel nous vivons. Nous avons pour objectif de faire de l’habitat participatif pour tous, et non pas réservé aux bobos, avec une vraie mixité à la fois des revenus et socioculturelle. On fait souvent de l’habitat participatif quelque chose d’alternatif ; nous, nous en faisons un modèle d’avenir, qui doit sortir de la confidentialité.

« J’explique aux maires que ce sont des projets réversibles, qui peuvent redevenir une résidence classique. Mais, surtout, j’essaie de les convaincre que ça peut marcher ! »

— Concrètement comment intervenez-vous ?

I.R. : Nous faisons avec les gens, en leur faisant comprendre qu’ensemble on est moins seul, plus fort et plus intelligent. Pour expliquer le processus, je prends souvent l’image d’un train : après avoir trouvé un terrain, nous organisons une grande réunion en gare de départ pour expliquer le projet, les principes de l’habitat participatif, les prix de vente prévisionnels. Puis le train démarre, et on commence les réunions de programmation sur les espaces partagés tous les quinze jours. Entre l’acquisition du terrain, le permis de construire, le travail participatif, le chantier, etc., il faut compter trois ans et demi en moyenne, soit six mois de plus que pour une opération classique. Ceux qui montent en gare de départ doivent être motivés et capables de se projeter sur trois ans et demi. C’est le cas de beaucoup de personnes âgées ou de personnes seules avec des enfants. Certaines descendent du train en cours de route, d’autres y montent, ce qui génère une complexité supplémentaire pour que le train arrive à l’heure, plein de surcroît, pour garantir la viabilité économique de l’opération.

— Comment plaidez-vous la cause de ces projets auprès des élus locaux ?

I.R. : J’essaie d’abord d’expliquer aux maires que ce sont des projets réversibles, qui peuvent redevenir une résidence classique. Mais surtout, j’essaie de les convaincre que ça peut marcher, que ça peut être une belle aventure, même si ce n’est pas toujours le monde des bisounours. Enfin, il y a une valeur ajoutée à l’échelle du quartier, voire d’un village. Le processus participatif contribue à l’acceptabilité d’un projet immobilier. Prenons l’exemple du projet qui nous a permis d’être retenus pour la création d’une soixantaine de logements dans le quartier de Lapujade, à Toulouse : nous l’avons imaginé avec des acteurs de l’économie sociale et solidaire et du monde de la culture, dans l’idée de créer des interactions avec le quartier, sans forcément tout raser. En faisant de la participation, à l’échelle d’un quartier, on renforce ou on fait naître des lieux de vie, on tient compte du voisinage, on recrée un écosystème qui peut améliorer le vivre ensemble sur le long terme.

DES CASTORS À L’HABITAT PARTICIPATIF
Le Comité Ouvrier du Logement (COL) est une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) de production de HLM, créée en 1951 par les Castors de Saint-Amand, des ouvriers de la région de Bayonne pionniers de l’habitat participatif. Implanté dans le Sud-Ouest, le COL, qui produit environ 400 logements par an, dont les trois quarts en accession sociale à la propriété, est très engagé dans l’habitat participatif.

ça peut vous intéresser

Innovation

Quand on n’a pas de pétrole… il reste les égouts et l’eau de mer pour fournir des calories au réseau de chaleur et réguler les températures des bâtiments publics. Exemples...

Innovation

Créée en 2008, l’association Orchestre à l’école développe la pratique instrumentale au primaire et au collège. Elle finance la moitié des dépenses nécessaires à l’achat des instruments et s’engage sur...

Service

Streetco
Streetco
Première application GPS piétonne collaborative

Innovation

La communauté urbaine organise en juin l’opération 1 mois sans ma voiture. Une cinquantaine de particuliers et familles se voient proposer un pack mobilités donnant accès à tous les modes...

Innovation

Plantée fin 2021, la forêt urbaine Miyawaki de l’Université de technologie de Troyes connaît une croissance rapide et voit éclore une grande diversité d’espèces végétales et animales. Elle devient un...

Innovation

Pour le politologue Benjamin Morel, c’est une forme de mépris du président de la République à l’égard des élus locaux et des corps intermédiaires qui caractérise la séquence politique qui...

NE PERDEZ PAS L’INSPIRATION,

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER

Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer les lettres d’information de la société Innomédias. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans la lettre d’information.
En savoir plus sur la gestion de vos données personnelles et vos droits

Rechercher

Qui sommes-nous
Newsletter
Contact