Face à la désertification médicale, d'autres solutions existent et elles viennent d’ailleurs, portées par des médecins formés à l’étranger. Alors que la France est confrontée à une crise sans précédent dans ses hôpitaux et ses territoires désertifiés, ces praticiens venus du monde entier apparaissent comme une réponse immédiate. Mais leur accueil soulève autant de questions qu’il n’apporte de répit.
Une piste est déjà empruntée depuis plusieurs années : celle des PADHUE, ces médecins déjà présents sur le territoire français, mais souvent relégués à des statuts précaires, en attente d’intégration pleine et entière dans le système de santé. Ces médecins ont appris notre langue, accepté des conditions de travail dégradées. Et pourtant, ils restent sur le banc de touche. Bloqués dans des statuts précaires, des contrats d’intérim, des postes sous-payés, des parcours kafkaïens de validation de diplôme.
La fin du numerus clausus en médecine ne se traduira pas avant de longues années dans les effectifs de médecins. Ces solutions alternatives sont donc des solutions d'urgence, provisoires.
La fin du numerus clausus en médecine ne se traduira pas avant de longues années dans les effectifs de médecins. Ces solutions alternatives sont donc des solutions d'urgence, provisoires, et bienvenues pour des milliers de patients qui ne parviennent plus à accéder aux soins. Mais elles ne sont que provisoires, et n'exonèrent pas d'un débat et de décisions politiques à la hauteur du système de santé français.
Les PADHUE pour relancer les hôpitaux ? Le cas alésien
Ces médecins formés hors de l'Union européenne sont plus de 19 000 à travailler en France. Au prix d'un statut précaire, et sans garanties d'installation définitive. Ils peuvent pourtant jouer un rôle de premier plan face à la désertification.
Les PADHUE sont des praticiens diplômés hors Union européenne. Ils représentent déjà 8 % des médecins en activité en France, selon l'Ordre des Médecins. Au 1er janvier 2025, ils sont 19 154 à être inscrits au tableau de l'Ordre, dont 15 972 en activité régulière. La région Île-de-France concentre une part significative de ces praticiens : 38,3 % des anciens PADHUE y exercent, avec des proportions particulièrement élevées en Seine-Saint-Denis (21 %), dans le Val-de-Marne (16 %) et à Paris (6,7 %). La grande majorité d'entre eux est originaire du Maghreb, mais aussi d'Afrique subsaharienne, du Proche-Orient et d'Europe de l'Est.
Avant d'y parvenir, le parcours de ces médecins repose sur trois étapes : la réussite aux épreuves de vérification des connaissances (EVC), la validation d’un parcours de consolidation des compétences (PCC) en hôpital, puis la délivrance d’une autorisation individuelle d’exercice par le ministère de la Santé. Pour les premiers concernés, c'est loin d'être aussi simple que sur le papier. Leur trajectoire est parfois qualifiée de véritable chemin de croix…
Pourtant, leur rôle dans le fonctionnement, voire la relance de certains hôpitaux, est très loin d'être marginal, comme en témoigne Christian Cataldo, directeur du centre hospitalier d'Alès (Gard). Un établissement qui couvre un bassin de vie de 138 000 habitants, qui a reçu en 2024 plus de 50 000 visites à ses urgences et qui a compté 136 490 journées et venues d’hospitalisation.
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