L’ambiance sur les marchés du dimanche n’est pas à la fête. Premiers confidents des Français, les élus locaux sont ceux vers qui l’on se tourne pour analyser le marasme national. Les réponses restent difficiles à construire, même si chacun s’accorde à dire que « ça ne pouvait pas durer » !
Pour l’association des maires de France (AMF) la décision soudaine du Premier ministre d’engager sa responsabilité le 8 septembre, « ne réglera pas l’enjeu du vote du budget ». Tout « comme l’avait été la décision de dissoudre l’Assemblée nationale ». Pour la première association d’élus locaux, ce geste « témoigne de l’impuissance du Premier ministre et des forces politiques à trouver une méthode de travail qui évite de mettre la France à l’arrêt ».
D’ailleurs, les maires eux-mêmes n’entendaient pas cautionner les orientations budgétaires présentées en juillet. Qualifiées de « mauvais ajustements comptables », ces mesures « ne font que renforcer la cause du problème : un système centralisé coûteux et inefficace ». Arc-bouté sur la réduction de la dette, François Bayrou prévoyait d’imposer une nouvelle réduction des concours financiers que l’État verse aux collectivités, alors même que les besoins sociaux et les investissements dans la transition environnementale flambent.
C’est par la liberté et la responsabilité locales que la France retrouvera de la performance publique et rétablira ses comptes. AMF
Pour sa part, l’Association des maires ruraux de France (AMRF), estime que « la confiance permet de clarifier les choses plus rapidement que prévu ». Pour ces élus, « le défouloir était programmé au vote du budget ». Et d’ajouter que « cette culture du chamboule-tout met en lumière un changement de régime ». Au-delà du commentaire, les élus ruraux estiment aussi que « cette inconstance permanente remet en cause toutes les avancées partielles difficilement obtenues et cela malgré l’unanimité pour dénoncer la difficulté de l’exercice des mandats locaux ».
Dès lors, que faire ? La réponse n’est pas évidente. Pour preuve, toutes les associations d’élus n’ont pas souhaité réagir à la séquence. L’association des maires de France de son côté appelle à « un changement total ». Une position assez inédite dans sa tonalité qui passerait par « une vaste réforme des pouvoirs publics, une véritable ambition politique, fondée sur une profonde décentralisation et une affirmation de la subsidiarité ascendante. Car c’est par la liberté et la responsabilité locales que la France retrouvera de la performance publique et rétablira ses comptes », affirme l’AMF.
Une façon de répondre aux inquiétudes citoyennes ? Car à six mois des élections municipales, beaucoup s’interrogent sur les répercussions du climat national dans ces prochaines échéances. À en croire les sondages, l’échelon local resterait un repère pour les Français. Ainsi, dans une enquête conduite par IPSOS, CEVIPOF et l’AMF en juin 2025, 69 % des sondés déclaraient faire confiance à leur maire. L’enquête montre à l’inverse que seulement 23 % des sondés accordaient leur confiance au président de la République et 22 % au Gouvernement. Un décrochage complètement inédit sous la Ve République…