Un consensus sur le diagnostic, une opposition sur la méthode
Si toutes les associations s’accordent sur la gravité de la situation financière et la nécessité d’un redressement, la méthode semble faire l’unanimité contre elle. Les représentants des collectivités dénoncent une démarche unilatérale, sans concertation, et une charge jugée disproportionnée. Un déséquilibre pointé comme injuste par l’AMF, Départements de France, Régions de France et Intercommunalités de France.
Réactions en cascade et craintes
Départements de France évoque une « mise sous tension » incompatible avec la gestion du RSA et de l’APA, déjà fragilisée:
« Les Départements ont perdu 46 milliards d’euros de dotations depuis quinze ans. L’argent ainsi capté par l’État n’a eu aucun effet sur la réduction du déficit public. Il faut arrêter d’asphyxier les Départements », martèle François Sauvadet, président de Départements de France.
L’Association des maires de France (AMF) parle d’un budget « imposé » et évoque un possible recours parlementaire :
« Les collectivités ont été évoquées comme n’obéissant à aucune logique autre que celle du rabot, chiffré par le ministre des Collectivités à 5,3 milliards d’euros. Les collectivités sont d’ailleurs appelées à contribuer autant que la sphère sociale, qui représente pourtant un volume de dépenses trois fois supérieur. Cet effort imposé ne saurait en aucun cas être considéré comme équitable. »
Régions de France craint un effondrement de l’investissement public local, impactant l’économie, la culture et la transition écologique : « Il est aujourd’hui demandé aux collectivités territoriales, qui ne pèsent que 5,9 % de la dette publique, d’assurer 12,1 % de l’effort national. À l’inverse, l’État et ses opérateurs, qui représentent 83,4 % de la dette publique, n’auraient à fournir que 22,8 % de l’effort. Ces choix politiques sont lourds de sens. Ils conduiront inéluctablement à un abaissement massif des investissements des Régions. »
Intercommunalités de France regrette une approche technocratique, ignorante des réalités locales : « Pour les plus de 65 000 élus intercommunaux de France, semble s’ouvrir une nouvelle période longue d’incertitudes et de craintes durables, compromettant la sérénité qui devrait présider à une fin de mandat local. Intercommunalités de France souhaite, en lien avec l’ensemble des associations d’élus, pouvoir bénéficier d’un cadre de discussions avec le Gouvernement dans la préparation du Budget 2026, en transparence et dans l’écoute. »
Des conséquences redoutées pour les territoires
Outre la méthode, les associations alertent sur les effets en chaîne :
- Un recul massif de l’investissement local, menaçant l’entretien des infrastructures, l’emploi de proximité et les projets de transition.
- Une dégradation des services publics, dans un contexte de hausse des charges et de baisse des dotations.
- Un recours accru à l’emprunt, creusant la dette locale.
- Un impact social et politique direct, via la baisse des crédits symboliques et de cohésion (lutte contre les violences faites aux élus, politique de la ville, etc.).
Un appel ferme à rééquilibrer les efforts
Les élus appellent à :
- Une répartition plus équitable des efforts entre l’État et les territoires.
- Une prise en compte différenciée des spécificités locales.
- Un dialogue réel, au sein de la conférence financière des territoires.
- Une remise à plat des priorités budgétaires, afin de préserver la continuité des services publics et l’investissement.
L’unité affichée des associations d’élus montre l’ampleur du malaise. Pour elles, le redressement budgétaire ne peut pas être synonyme d’asphyxie territoriale. Faute d’inflexion, le risque est grand de voir émerger un climat politique tendu, voire des mobilisations, et un dialogue institutionnel durablement fracturé.