Le Comité interministériel des villes (CIV), initialement prévu le 17 avril, puis reprogrammé au 15 mai à Montpellier, a une nouvelle fois été reporté. Une décision qui suscite une vive inquiétude et un profond agacement chez les associations d’élus du bloc local. Ces derniers dénoncent un « très mauvais signal » envoyé aux 6 millions d’habitants des quartiers prioritaires, au moment même où l’avenir de la politique de la ville semble de plus en plus incertain.
Dans un communiqué commun publié ce 15 mai, les associations rappellent qu’elles avaient alerté dès mars dernier sur la nécessité d’un CIV ambitieux, structurant, à la hauteur des défis : accès aux droits, égalité des chances, renouvellement urbain, sécurité, solidarité. Elles avaient formulé 15 propositions dans le cadre de l’Appel d’Épinay. Elles sont restées lettre morte.
Les inquiétudes s’intensifient face à la baisse annoncée des financements dans les départements pour 2025, et au gel de 15 millions d’euros du BOP 147, qui finance la politique de la ville. Autre sujet de préoccupation : l’avenir du programme « Quartiers d’été », essentiel pour des milliers de familles qui ne peuvent partir en vacances.
Gilles Leproust, maire d’Allonnes (72) et président de l’association Ville & Banlieue de France, réagit avec gravité : « Les habitants ont besoin d’égalité républicaine, d’engagements clairs et durables. Ils souffrent et attendent des signaux forts. Ce report est un camouflet. Nous sommes inquiets sur les crédits, les dotations de fonctionnement sont en baisse, les dispositifs utiles fragilisés. Cela affaiblit nos capacités à produire du service public local, à répondre aux besoins. »
Il pointe aussi un manque de considération politique : « Depuis 2017, on ne peut pas dire que ce soit le grand amour pour les banlieues. Et ça ne s’arrange pas. Nous sommes la seule association d’élus du bloc local à ne pas avoir été reçue par François Bayrou dans le cadre du Conseil national de la refondation. »
Le président de Ville & Banlieue appelle à un sursaut : « Nous attendons du prochain CIV qu’il soit reprogrammé rapidement, qu’il fasse le point sur l’application du droit commun par les ministères et qu’il évalue enfin les deux précédents comités interministériels, dont les annonces n’étaient déjà pas mirobolantes. »