— Vous avez exploré le monde du trafic sur le territoire français et noté une prolifération des points de deal, atteignant désormais les villes petites et moyennes, qu’est-ce qui explique selon vous ce phénomène ?
Jérôme Fourquet :
Je pense qu'il y a un éléphant au milieu de la pièce qu'on sous-estime souvent dans le discours médiatique, c'est celui de la consommation massive. Et comme il y a un marché en croissance et une demande forte, les organisations criminelles se sont installées partout sur le territoire. Cela nous montre à la fois la puissance de certaines organisations et l'ampleur des flux financiers qui sont générés. Mais tout ça n'existerait pas si la consommation de produits stupéfiants de différentes natures, la résine de cannabis, l'herbe ou la cocaïne et maintenant également des drogues de synthèse, ne s'était pas massivement diffusée dans la société française. Récemment, les douanes ont intercepté dix tonnes de cocaïne dans le port de Dunkerque ! Et rappelons que c’est un produit qui se revend au gramme !
La hausse de la consommation explique tout simplement l’augmentation des points de deal qui maillent le territoire. Le trafic s'est organisé pour répondre à cette demande. Alors après, c'est la poule ou l'œuf, on peut également se dire que c'est aussi parce qu’il y a des produits stupéfiants plus facilement accessibles que certains vont s'y adonner. Mais prendre de la cocaïne ce n’est pas tout à fait pareil que de prendre un apéro…
— Le gouvernement communique beaucoup sur la lutte contre le trafic, que pensez-vous des opérations coup de poing qu’il mène dans les quartiers ? Sont-elles utiles et efficaces à vos yeux ? Le ministère de l’Intérieur mentionne avoir démantelé 1 000 points de deal, sur les 4 000 qui existaient en France…
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