Articles dossier

Chambéry : La nuit la ville coupe la lumière sans s’éteindre

La préfecture savoyarde a choisi l’obscurité la nuit après le recueil d’avis éclairés. Et ça marche !
La rédaction
La rédaction
Publié le 7 mars 2024

Depuis longtemps déjà, Jimmy Bâabâa, adjoint au maire en charge de la Transition écologique et de la Commande publique de Chambéry, rêvait d’éteindre la lumière la nuit dans cette ville de quelque 60 000 habitants. Avant tout pour lutter contre la pollution lumineuse et préserver la biodiversité.

Mais, comme à toute chose malheur est bon, c’est la crise énergétique de l’automne 2022 qui aura donné l’occasion à la collectivité d’expérimenter l’extinction de son éclairage public. « On avait déjà amorcé des réflexions sur le sujet, pour baisser la puissance des luminaires et redéfinir notre politique d’éclairage de notre patrimoine, explique Jimmy Bâabâa. Avec la crise, la peur des pénuries et la nécessité de faire des économies, le passage à l’acte a été plus facile et on a appuyé sur l’accélérateur !»

Anticipant les réticences en termes de sécurité, l’équipe municipale s’est renseignée, avant de se lancer, auprès des autorités de police et de justice : « On a ainsi découvert qu’aucune étude ne faisait de corrélation entre l’éclairage et l’insécurité, note l’élu. On a aussi interrogé les professionnels qui travaillent la nuit, chauffeurs de bus ou de camions-poubelles ; enfin, on s’est assuré que la vidéosurveillance serait toujours opérationnelle. »

À partir d’octobre 2022, 99 % des 10 000 lampadaires de la ville ont donc été éteints tous les jours, de minuit à 5 heures ; seul un petit périmètre, délimité en concertation avec les forces de l’ordre, était alors exclu du dispositif.

AJUSTEMENTS AU BOUT D’UN AN

Au terme d’une année d’expérimentation, qui a permis d’évaluer la mesure à toutes les saisons et lors de différents événements, la décision a été pérennisée, avec de légers ajustements. L’heure d’extinction a été retardée à 1 h 30 les jeudis, vendredis et samedis, pour ne pas nuire à la vie nocturne.

En complément, il a été décidé de maintenir l’éclairage toute la nuit sur certains parkings et artères. « On a créé des corridors lumineux pour que les gens retournent à leur voiture ou à leur résidence par des itinéraires rassurants », décrypte Jimmy Bâabâa. En outre, le mobilier urbain a été équipé de stickers rétroluminescents pour éviter les collisions.

Avec dix-huit mois de recul, comment l’adjoint au maire analyse-t-il l’expérience et quels conseils donne-t-il à ceux qui voudraient initier pareille évolution ? « Je retiens avant tout que si on avait écouté ceux qui prédisaient qu’on allait mettre la ville à feu et à sang, on ne l’aurait jamais fait, souligne-t-il. Il ne faut donc pas s’interdire d’expérimenter, avant même de sonder la population ; car, personne n’ayant l’expérience de l’espace public obscur le soir, on n’aurait pas recueilli d’avis objectifs. »

La plateforme mise en place par la mairie, une fois les feux éteints, a recueilli près de 300 contributions citoyennes, dont un tiers très défavorable, par crainte de l’insécurité. Consciente que ce sujet pourrait faire capoter l’expérimentation, la majorité municipale, qui a suivi les chiffres de la police comme le lait sur le feu, n’a constaté « aucune dégradation d’indicateur particulier » depuis le retour du noir.

Elle vante en revanche la réduction de la facture énergétique (130 000 € en un an) et une légère baisse des émissions de CO2 liées à la mesure.

ça peut vous intéresser

Innovation

Dans cette ville américaine, l'identité francophone est bien ancrée. Elle veut faire encore plus avec un bureau...

Innovation

Le 30 décembre 2025, l'opérateur traditionnel PostNord arrêtera la distribution des lettres pour ne livrer que les colis. Avec une incertitude sur le sort des 5 % de la population...

Innovation

Tu jettes, tu paies… La ville a instauré un principe clair pour réduire les déchets. Elle mise également sur le recyclage....

Innovation

La ville populaire de Seine-Saint-Denis crée un dispositif d’aide aux jeunes familles monoparentales. Grâce à un accompagnement global et à un complément de ressources, l’objectif est de sortir les destinataires...

Innovation

Dès 2027, Lyon pourrait offrir à ses habitants la possibilité de se baigner en pleine ville. Deux bassins démontables devraient voir le jour dans la darse de la Confluence, sous...

Innovation

L’Établissement Public Territorial a enregistré une hausse de 30 % des inscriptions dans ses bibliothèques entre 2021 et 2024. Le résultat d’une politique de longue haleine qui touche tous les...

Innovation

La commune du Val-d’Oise a fait appel à un street artiste pour embellir la palissade masquant le chantier de réhabilitation d’un de ses édifices les plus emblématiques. Un autre artiste...

Innovation

Marseille expérimente une application destinée à faciliter les déplacements des personnes à mobilité réduite. Elle s'adresse autant aux habitants qu'aux touristes et recense 400 lieux testés par les contributeurs....

Innovation

Depuis 2022, les remparts de Langres (Haute-Marne) font l’objet d’une importante rénovation. Elle s’achèvera en 2028 avec pour objectif de rendre toute leur splendeur à ces joyaux du patrimoine, témoins...

Innovation

À Nevers, des travaux de sécurité obligent à abattre plusieurs spécimens en bord de Loire. La ville transforme leur bois en mobilier urbain et sculptures....

Innovation

Depuis 2022, la capitale de la Loire-Atlantique déploie dans ses quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) un programme de construction ou d’aménagement de maison de santé. Elle...

NE PERDEZ PAS L’INSPIRATION,

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER

Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer les lettres d’information de la société Innomédias. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans la lettre d’information.
En savoir plus sur la gestion de vos données personnelles et vos droits