Articles divers, ENTRETIEN

Gil Avérous « Une évolution inscrite dans la durée »

Pour le maire de Châteauroux et président de l’association Villes de France, les villes à taille humaine ont l’avenir devant elles.
La rédaction
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Publié le 7 mars 2023

— Les villes moyennes semblent connaître un regain d’intérêt. Est-ce une tendance qui se confirme sur le terrain ?

Gil Avérous : Le regain d’intérêt pour les villes moyennes, de 10 000 à 100 000 habitants, c’est un phénomène que l’on constate et que l’on mesure. Grâce à des dispositifs comme « Action Cœur de Ville » lancés en 2018 pour relancer nos
centres-villes, nous disposons d’indicateurs de suivi. Par exemple, sur les transactions immobilières, nous constatons une augmentation plus forte que la moyenne nationale sur les communes. On relève + 17 % en volume et + 15 % en
prix, tout en restant raisonnable sur le prix. On mesure également un retour de l’investissement. Avec « Action Cœur de Ville », nous avons bénéficié de leviers de financements pour améliorer l’offre de commerces et de logement en centre-ville, grâce à la Caisse des dépôts. Cela a eu un effet d’entraînement avec des investissements de la part d’acteurs privés, qu’ils soient promoteurs ou particuliers, soutenus notamment par Action Logement. Autre indicateur d’une
évolution démographique favorable : nous n’avons plus à subir de fermeture de classes dans nos villes, contrairement au milieu rural qui en souffre encore. À
Châteauroux, dans ma commune, nous avons gagné des habitants au dernier recensement.

— Comment s’explique ce phénomène ?

G.A. : Trois critères d’attractivité nous permettent de faire la différence avec les métropoles. Le premier, c’est la possibilité de trouver un logement à prix abordable. Ceux qui étaient propriétaires en métropole cherchent plus grand, ou avec un jardin. Les locataires peuvent se lancer sur une acquisition avec un remboursement d’emprunt supportable. Le deuxième critère, c’est la capacité à
faciliter les relations domicile-travail. On gagne en disponibilité de vie lorsqu’on s’évite une heure passée dans les embouteillages. C’est une motivation pour de nouveaux habitants qui, dans ma ville, arrivent de Paris, mais aussi de Toulouse. Le troisième critère, c’est la qualité de vie en général que l’on gagne en s’installant dans une ville à taille humaine.

— Cette tendance va-t-elle durer ?

G.A. : Je pense que cette évolution va s’inscrire dans la durée. Le phénomène a commencé avant la crise sanitaire et a augmenté depuis : 1/3 des actifs habitant les villes de plus de 100 000 habitants envisagent de déménager hors des métropoles. C’est encore plus marqué chez les jeunes : cela concerne 44 % des
moins de 35 ans. La population ira travailler là où elle veut vivre, et non l’inverse. Avec la baisse du chômage, ces choix de vie deviennent aujourd’hui fréquents : on part sans forcément avoir trouvé du travail au préalable.

— Ce retour en grâce des villes moyennes suffit-il à faire oublier leurs difficultés ?

G.A. : Nous avons progressé sur le commerce et la redynamisation des centres-villes : dans les 234 villes qui ont bénéficié du dispositif « Action Cœur de Ville », nous avons stoppé l’hémorragie, voire inversé la tendance. À Châteauroux, on
était à 15 % de taux de vacances, on est descendu à 11 %. On doit encore progresser sur la démographie médicale : les villes préfectures et sous-préfectures auparavant épargnées sont aujourd’hui concernées par la désertification médicale.
Un autre enjeu pour nos territoires, c’est de conserver des jeunes, notamment pour répondre au besoin de main-d’œuvre des entreprises. Cela suppose le développement des formations sur les territoires, car quand les jeunes partent se former ailleurs, il existe un risque qu’ils ne reviennent pas. On doit sortir d’un modèle de développement qui promeut la concentration des grandes universités
dans les métropoles et proposer des formations dans nos villes.

Enfin, la reconquête des territoires passe par la réindustrialisation. Je suis persuadé que le désespoir de nos populations des territoires ruraux et de nos villes est lié à la désindustrialisation. Désormais, dans les domaines comme l’agroalimentaire, la pharmacie ou l’automobile, il y a une attente de souveraineté et de relocalisation. Contrairement aux métropoles, nous avons du foncier disponible et abordable pour y implanter des projets ; nous allons créer un groupe de travail pour apporter la contribution de nos villes sur ce sujet.

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