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Ça se passe à Lirac : un coupe-feu tout autour du village

Grâce à une déclaration d’urgence, le maire de Lirac a pu réaliser un coupe-feu autour du village.
La rédaction
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Publié le 9 décembre 2022
Par Pierre Magnetto


Cédric Clémente, maire de Lirac dans le Gard, est aussi président départemental de la Fédération nationale des communes forestières.

Avec moins de 1 000 habitants, le village de Lirac dans le Gard est connu internationalement grâce à son cru des Côtes du Rhône méridionales. En Occitanie, il est aussi célèbre pour ses actions pionnières en matière de prévention des feux de forêt et de végétation. Comme beaucoup d’autres localités du département, Lirac est particulièrement exposé. Sur ses flancs ouest et nord, près de la moitié de son territoire est constituée de forêts de chênes et de garrigues venant jusqu’au pied des premières habitations. Face à la difficulté de faire respecter les obligations légales de débroussaillement (OLD) par tous les propriétaires, en 2018, le maire, Cédric Clémente, a pris le taureau par les cornes en réalisant une coupure de combustible autour des zones urbaines soumises à l’aléa incendie. Jusque-là, le premier magistrat s’en tenait à la procédure. « Nous commençons en novembre par contrôler les propriétés soumises à l’OLD et en demandant aux propriétaires d’intervenir quand c’est nécessaire. Nous faisons un second passage au printemps avec envoi de mise en demeure si ce n’est pas fait », raconte-t-il. Pour autant, il ne se berce pas d’illusions. « Une enquête régionale a montré qu’environ 15 % des habitants concernés restent récalcitrants. » C’est pour cela qu’il y a quatre ans, Cédric Clémente a procédé à une déclaration d’urgence ou d’intérêt général, auprès du préfet, permettant à la commune d’intervenir sur les parcelles publiques (la forêt est communale à 56 %) ou privées. Résultat, une bande de 80 à 100 mètres de large régulièrement débroussaillée encercle la partie du village exposée, comme des douves pour repousser les attaques du feu.

Faire naître une culture du risque chez les plus jeunes

Le deuxième vecteur mis en œuvre par le maire est un système d’alerte, une sorte de météo de la forêt avant l’heure. Chaque jour, les services municipaux récupèrent en préfecture les alertes concernant le territoire (ce dernier est aussi soumis à des risques inondations et industriels). L’information est diffusée sur l’application smartphone de la mairie, avec les consignes à suivre. L’info est aussi relayée sur les panneaux lumineux de la mairie. Difficile avec tout ça de passer au travers. Quand approche la saison estivale, des flyers sont distribués aux habitants, sur les marchés et dans les boîtes aux lettres. Il y figure les informations et numéros utiles, et le rappel des principes de base à respecter comme ne pas jeter un mégot de cigarette, éviter les barbecues ou encore les travaux forestiers aux heures les plus critiques. La politique du maire s’inscrit sur un troisième pilier qui joue sur le long terme : l’éducation. « Nous voulons faire naître une culture du risque incendie dans la population. C’est pour cela que j’ai été le premier à m’engager dans le programme expérimental “Dans 1 000 communes, la forêt fait école” lancé par la Fédération nationale des communes forestières. » Ce programme qui mobilise le SDIS, les pompiers locaux, l’ONF et l’Éducation nationale, s’adresse aux cours moyens, avec la participation des enseignants. Les classes sont amenées à gérer une parcelle de forêt dans un souci environnemental et de prévention du feu. « Ainsi, les adultes de demain seront déjà sensibilisés et, d’ores et déjà, nous avons des retours de parents qui se font disputer par leurs enfants s’ils ont un comportement inadéquat, comme allumer un barbecue quand et où il ne faut pas », rapporte Cédric Clémente.

Les trois pouvoirs du maire

En matière de prévention des feux de forêt, le maire possède trois grands types de compétences. Il possède des compétences régaliennes comprenant son pouvoir de police (lire Les maires responsables au pénal) avec notamment le contrôle du respect des obligations légales de débroussaillement (OLD) incombant aux propriétaires de parcelles boisées ou végétalisées. Il détient aussi des compétences politiques le conduisant à prendre en compte le risque dans la planification et l’aménagement du territoire. Enfin, il dispose aussi de la compétence de maître d’ouvrage pour la création et l’entretien des équipements de défense de la forêt contre les incendies (DFCI), pistes et points d’eau permettant aux pompiers d’accéder aux massifs et de ravitailler en eau leurs véhicules anti-incendie.

Le plan communal de sauvegarde

En principe, le plan communal de sauvegarde est obligatoire pour toute commune soumise à au moins un des risques pouvant mettre en cause la sécurité des habitants (risque d’inondation, sismique, industriel, volcanique, incendie…). Ce document doit permettre d’anticiper les situations de crise en regroupant l’ensemble des documents de compétence communale contribuant à l’information préventive et à la protection de la population. Il permet de déterminer les mesures immédiates à prendre en cas de survenue du risque, d’organiser la diffusion des alertes, de recenser les moyens disponibles à mettre en œuvre, et de déterminer les actions d’accompagnement et de soutien à la population.

Le plan de prévention des risques incendie de forêt

Le PPRIF, qui relève du Code de l’environnement, s’applique aux communes ou regroupements de communes situés sur des territoires exposés à des niveaux de risque important, et à une pression foncière forte. Il a pour objectif de réduire la vulnérabilité des territoires au risque en délimitant des zones à l’intérieur desquelles les constructions ou aménagements sont interdits, et en définissant des mesures de prévention et de protection. Ce plan est opposable aux autorisations d’urbanisme et aux permis de construire.

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