Non seulement étendue, mais aussi organisée en étages, avec sa gare à 580 m d’altitude, son bourg à 850 m et le quartier de Saint- Nicolas-de-Véroce à 1 100 m, Saint-Gervais doit imaginer des mobilités différentes de celles dont aura besoin une commune dense et concentrée. À la place de transports en commun classiques, de type navettes, la mairie propose du transport à la demande, plus adapté à un habitat dispersé, et met actuellement en œuvre un ascenseur valléen, pour permettre à quelque 1 500 personnes par heure de relier la gare et le bourg.
Initié dans le cadre du plan Avenir montagnes mobilités, ce projet bénéficie du concours du département et de la région, mais pas de l’État : « Ni purement transport urbain, ni purement transport touristique, on n’entre pas dans les cases, se désole Jean-Marc Peillex. Nous, les élus de montagne, nous ne sommes pas dans le prêt-à-porter, mais dans la haute couture, ce qui nécessite des financements que l’État ne nous octroie pas. Il faut faire éclater ce blindage de l’État qui passe toute nouvelle idée à la moulinette d’un processus administratif tellement rigide que personne ne rentre dedans. Il faut nous laisser renouer avec l’invention ! » Guidé par cette injonction, le maire de Saint-Gervais défend depuis quinze ans un projet d’ascenseur à eau usée, qui reliera, d’ici fin 2023, l’établissement thermal au parc de Saint- Gervais. Un dispositif « très haute couture », qui transportera 12 à 15 personnes à la fois. Loin des débits générés par la massification du tourisme, contre laquelle s’élève le maire, auteur d’une supplique adressée en septembre dernier au président de la République.
« Ne laissez pas la chienlit s’installer au nom du droit de tout faire »
« Il faut arrêter les concentrations qu’on nous impose, martèle Jean-Marc Peillex. Pour cela, il faudrait mieux étaler les vacances scolaires, y compris à l’échelle européenne. » Plus fondamentalement, l’élu, soucieux de préserver les espaces naturels et leur biodiversité, en appelle à la définition d’un cadre pour réguler les flux en montagne et éduquer les touristes, comme on le fait par exemple à l’entrée du Louvre. Car l’engouement pour les grands espaces s’est traduit, depuis la crise sanitaire, par une croissance à deux chiffres de la fréquentation des stations d’altitude : « Les gens débarquent sans connaître les codes de la montagne, s’agace le maire de Saint-Gervais. Ils s’y comportent comme dans un milieu urbanisé, ce qui est destructeur pour la faune et la flore. Si on ne met pas de limite, ça va être la catastrophe ! » Pour l’éviter, Jean-Marc Peillex a enjoint le président de la République à « faire preuve d’autorité » pour fixer un cadre : « Ne laissez pas la chienlit s’installer au nom du droit de tout faire et de tout laisser-faire », interpelle l’élu qui veut mettre fin au business de la surfréquentation.