Dès le départ, le président Macron a affiché un manque de considération pour les corps intermédiaires, car il voulait établir une relation directe avec le peuple. Avec la crise des Gilets jaunes, le président s’est retrouvé seul face à la colère. Or les corps intermédiaires font « tampon » entre les aspirations des citoyens et l’État : ils filtrent les demandes et permettent l’organisation d’un dialogue constructif.
Après la crise des Gilets jaunes, on a assisté à des changements d’attitude, notamment vis-à-vis des maires ruraux qui ont largement participé à la rédaction des cahiers de doléances. Nous avons obtenu la création d’un secrétariat d’État à la ruralité et d’un agenda rural. En outre, avec la crise du Covid, le tandem maire-préfet a montré toute sa pertinence. On pensait que ces avancées étaient définitives. Malheureusement, les récents propos de la Première ministre Élisabeth Borne sur le dialogue préfet-président d’intercommunalité nous inquiètent, car les intercommunalités ne sont pas des collectivités territoriales. Pour nous, État et communes sont les murs porteurs de la République. La relation entre les deux est un élément fondamental de la démocratie. Dans un contexte de crise démocratique, ne l’oublions pas, les maires et le président de la République sont les seuls à avoir ce lien particulier aux citoyens, comme en témoigne la participation aux élections municipales et présidentielle. La commune représente un trésor pour notre pays : c’est l’échelon profondément politique qui permet de cultiver la relation au citoyen et de donner du sens à notre projet. On ne réussira pas la transition écologique sans les communes et les citoyens !
Le Conseil National de la Refondation est une démarche intéressante, un exercice louable dans ses objectifs qui s’appuie sur les corps intermédiaires. Le CNR doit trouver sa place institutionnelle sans concurrencer ni le Parlement ni le Conseil économique, social et environnemental. Il doit permettre de retrouver une réflexion sur le temps long et conserver une relation directe avec la fonction présidentielle. Le fait de s’exprimer sans médiatiser les débats permet également de sortir des postures, de faire quelques pas de côté. Ensuite, il faudra veiller à impliquer le grand public, pour créer un débat de société, en portant les échanges dans les territoires. Je ne sais s’il faut un nouvel acte de la décentralisation. Nous n’avons pas forcément besoin de moins d’État, mais de travailler différemment en tenant compte des réalités locales. Par exemple sur la santé : l’État doit assumer ses responsabilités et les communes doivent pouvoir construire, dans la dentelle, les réponses adaptées. Mais il n’y a pas besoin de transferts de compétences ni d’affaiblissement des services de l’État, car on manque déjà de moyens et d’ingénierie. Et bien entendu, il nous faut construire l’autonomie financière des communes, car on ne peut pas porter de projets de territoires sans moyens.