Dunkerque décarbone son industrie

Les industriels les plus polluants du complexe industrialo-portuaire de Dunkerque travaillent à réduire leurs émissions et à accueillir une production décarbonée. Une bonne nouvelle : le site est à l’origine de 21 % des émissions de CO2 d’origine industrielle de France.

La Gigafactory de Verkor est le résultat de 2,5 milliards d’investissement pour 2 000 emplois à la clé.

Le 21 mars, ArcelorMittal a présenté sur son site du port de Dunkerque un dispositif pilote de captage de CO2. Il s’agit du premier maillon du projet de décarbonation des activités du géant de l’acier. Arcelor a une ambition : réduire de 35 % ses émissions en 2030 et parvenir à la neutralité carbone en 2050. Dunkerque est considérée comme le premier émetteur industriel de carbone, relâchant 21 % des émissions de CO2 d’origine industrielle de France. Premier émetteur du territoire, ArcelorMittal apporte une pierre non négligeable au projet de la communauté urbaine qui a fait de la décarbonation de son industrie la clé de son avenir économique. En 2014, le président de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) et maire divers gauche de la ville, Patrice Vergriete, a réuni tous les capitaines d’industrie du complexe industrialo-portuaire afin de les convaincre de la nécessité de décarboner leurs processus industriels. Si tous ne sont pas ressortis entièrement convaincus, l’idée a fait son chemin.

Investissements colossaux

En 2019, la CUD a été labellisée Territoire d’innovation sur le thème de l’Énergie créative. Le GIP Euraénergie, associant de nombreux partenaires institutionnels et
industriels chargés de porter le projet « Dunkerque, l’Énergie créative » a vu le jour dans la foulée. Il a notamment pour vocation d’accompagner des démonstrateurs à grande échelle, et des expérimentations innovantes. Il a également été doté d’un Parc d’innovation centré sur la transition énergétique et
sur l’économie circulaire.

Le nombre de projets ayant vu le jour impressionne, de même que leur impact sur l’économie et l’emploi de la communauté. Verkor, fabricant de batteries bas carbone, y investit 2,5 milliards d’euros avec la création de 2 000 emplois à la clé. Arcelor, qui assure à Dunkerque 10 % de sa production, investit un milliard d’euros pour ne plus transformer le minerai grâce au charbon, mais grâce à l’hydrogène. Pour sa part, Engie va construire une nouvelle usine pour transformer le dioxyde de carbone, généré par la production de l’aciérie, en carburant de synthèse. Par ailleurs, la cité flamande a été retenue pour la construction d’une ferme éolienne offshore pilotée par EDF et nécessitant plus d’un milliard d’euros d’investissements. H2V, spécialisé dans l’hydrogène, a annoncé la création d’une unité de production pour 250 millions d’euros.
Parallèlement, EDF souhaite construire, sur le site de Gravelines, deux EPR2 pour accompagner la mutation énergétique du territoire. Quant à la CUD, initiatrice et animatrice du GIP, elle projette la création d’un réseau de chaleur de cinquante-
cinq kilomètres de longueur venant s’ajouter à l’existant, pour récupérer la chaleur fatale des industries du territoire. Il s’agit de capter l’énergie thermique indirectement produite et jusqu’alors perdue.

Jacques MUCCHIELLI

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