Olivier Py sait parler aux décideurs. Il ne manque jamais de rappeler que le Festival d’Avignon qu’il dirige, c’est 52 millions d’euros de retombées économiques et 700 salariés dont 80% sont des locaux (1 500 si l’on prend en compte les compagnies invitées). À quelques kilomètres, le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence surveille lui aussi son budget de 22 millions d’euros. Mettant en avant son fort taux d’autofinancement, plus de 60%, son directeur Pierre Audi rappelle que pour un euro de subvention locale accordée, 11,93 euros retombent dans les escarcelles aixoises.
Hôteliers, restaurateurs, commerçants, transporteurs et bien d’autres ont pu mesurer concrètement cette influence de la culture sur leurs affaires en 2020, lorsque la pandémie a annulé les spectacles.
Les deux plus vieux et plus importants festivals de France donnent également à Aix et Avignon une notoriété internationale. La cité rhodanienne était certes connue en Europe pour avoir été cité papale, et Aix-en-Provence n’est pas visitée que pour ses scènes lyriques. Mais le festivalier est fidèle et dépense bien plus qu’un simple visiteur. Il fait partie des catégories sociales les plus aisées qui séjournent plus longtemps que les touristes amenés par les tour-opérateurs. Pour l’art lyrique, 4,2 nuitées en moyenne, 3,2 pour Avignon.
Une activité toute l’année
Grâce à ses 800 000 spectateurs, le festival interceltique de Lorient n’est pas en reste avec 24 millions d’euros de retombées sur les commerces de l’agglomération. Même chose pour Marciac qui, avec son millier d’habitants, était inconnu des Français avant son festival de jazz, dont les 20 millions de retombées font vivre une bonne part des commerces locaux. Gérardmer n’était guère plus connue avant son festival du film fantastique et Angoulême s’endormait un peu avant que la BD et ses 2,7 millions d’euros de retombées ne la réveille.
Créé par la jeune chambre économique avec le soutien de la collectivité, le festival du cirque actuel Circa Auch a également bouleversé la ville de d’Artagnan. La cité possède aussi un festival de films d’art et essai créé par Alain Bouffartigues et Daniel Toscan du Plantier. 30 000 entrées pour le premier, 15 000 pour le second. Ce sont certes loin des grands festivals, mais pour la ville, un peu enclavée, et ses 22 000 habitants, c’est une aubaine.
D’autant que l’animation culturelle et économique dépasse le temps de ces festivals. Elle s’étend toute l’année, aussi bien pour les équipes que pour les institutions créées, l’académie d’art lyrique d’Aix, la cité internationale de la BD d’Angoulême, le pôle national du cirque d’Auch. Toutes ont également généré des centres de formation et écoles spécialisées.