Articles dossier, ENTRETIEN

Contenu abonné

Gabriel Colletis  «attirer les entreprises… et les garder !»

Le fondateur du Manifeste pour l’Industrie, Gabriel Colletis plaide pour des entreprises intégrées à un tissu local de ressources et de compétences.
La rédaction
La rédaction
Publié le 28 juillet 2022
Gabriel Colletis est professeur de sciences économiques à l’Université de Toulouse 1 Capitole, et président de l’association Manifeste pour l’Industrie.

— Qu’est-ce que l’association Manifeste pour l’Industrie ?

Gabriel Colletis : C’est une association née en 2013, après la publication dans Le Monde d’un texte que j’avais signé seul au départ. Des lecteurs du quotidien ont voulu en faire une sorte de manifeste collectif. Et c’est à la suite de cela que nous avons créé cette association. Elle rassemble aujourd’hui entre 60 et 70 personnes, dont la conviction absolue est qu’un pays ne peut pas rester développé s’il ne dispose pas d’une base productive puissante. En France — même si on ne néglige pas du tout l’agriculture —, il s’agit principalement de l’industrie. Mais pas de n’importe quelle industrie : une qui soit respectueuse de l’environnement et soucieuse de la transition écologique.

Quant aux adhérents, ils sont composés pour un gros tiers d’universitaires, un gros tiers de personnes impliquées dans les entreprises — salariées, syndicalistes ou chefs d’entreprise —, et un dernier tiers plus divers (journalistes…). Même si le siège se trouve à Toulouse, c’est une association nationale.

— Vous remettez en cause les politiques suivies depuis 20 à 30 ans, fondées sur l’idée de compétitivité/prix, ou de « choc d’offre ». Pourquoi ?

GC : Pour un pays comme la France, où les gens qui travaillent sont globalement qualifiés, la bonne compétitivité ne peut se faire par les coûts, mais en proposant des biens de qualité, à forte valeur ajoutée, donc nécessairement chers.
Or on a cherché principalement à alléger le coût du travail en diminuant ce qu’on appelle les « charges » des entreprises, c’est-à-dire les cotisations sociales, en allégeant la pression fiscale sur les entreprises.

« Viser une autonomie productive dans des domaines vitaux : énergie, transports, santé… »

Cette stratégie a en fait échoué. La France a perdu des parts de marché et est devenue ultra-dépendante de ses importations. Or on ne peut pas être un pays souverain dans ces conditions. Manifestement, ce n’est pas la bonne politique. Même si on peut comprendre que cette stratégie visait un autre objectif, à savoir améliorer la rentabilité des entreprises, et non améliorer la compétitivité. Ce qui n’est pas du tout la même chose et est plus difficile à afficher.

— Quels sont les points essentiels de la nouvelle politique que vous proposez ?

GC : Il faut d’abord lier renouveau industriel et transition écologique, et sortir de notre dépendance aux importations. S’il n’est pas question de tout produire sur le sol national, il faut identifier les domaines stratégiques ou vitaux pour lesquels il faut viser l’autonomie productive (énergie, alimentation, santé, eau, transports, défense, données numériques sensibles, télécommunications…).

D’autre part, pour que la réindustrialisation soit compatible avec l’écologie, il faut à la fois d’autres façons de produire et d’autres produits. Prenons l’exemple de l’électroménager : depuis la fermeture de Whirlpool à Amiens, nous ne produisons plus aucun lave-linge, alors que nous en achetons 2,5 à 3 millions chaque année, produits pour la plupart en Asie et transportés sur des milliers de kilomètres. Relocaliser la production d’électroménager, cela veut dire élaborer des produits éco-conçus et totalement réparables. Et pour y inciter, aucune pièce du lave-linge et du lave-vaisselle ne doit dépasser 15 % du prix.

L’inspiration politique réserve cet article à ses abonnés, mais serait ravie de vous compter parmi eux.
Rejoignez une aventure éditoriale
libre et inspirante
Parmi ses ouvrages grand public :
L’Urgence industrielle !, Gabriel Colletis
Le Bord de l’eau, 2012, 196 p., 18 €.

ça peut vous intéresser

Innovation

Dans cette ville américaine, l'identité francophone est bien ancrée. Elle veut faire encore plus avec un bureau...

Innovation

Le 30 décembre 2025, l'opérateur traditionnel PostNord arrêtera la distribution des lettres pour ne livrer que les colis. Avec une incertitude sur le sort des 5 % de la population...

Innovation

Tu jettes, tu paies… La ville a instauré un principe clair pour réduire les déchets. Elle mise également sur le recyclage....

Innovation

La ville populaire de Seine-Saint-Denis crée un dispositif d’aide aux jeunes familles monoparentales. Grâce à un accompagnement global et à un complément de ressources, l’objectif est de sortir les destinataires...

Innovation

Dès 2027, Lyon pourrait offrir à ses habitants la possibilité de se baigner en pleine ville. Deux bassins démontables devraient voir le jour dans la darse de la Confluence, sous...

Innovation

L’Établissement Public Territorial a enregistré une hausse de 30 % des inscriptions dans ses bibliothèques entre 2021 et 2024. Le résultat d’une politique de longue haleine qui touche tous les...

Innovation

La commune du Val-d’Oise a fait appel à un street artiste pour embellir la palissade masquant le chantier de réhabilitation d’un de ses édifices les plus emblématiques. Un autre artiste...

Innovation

Marseille expérimente une application destinée à faciliter les déplacements des personnes à mobilité réduite. Elle s'adresse autant aux habitants qu'aux touristes et recense 400 lieux testés par les contributeurs....

Innovation

Depuis 2022, les remparts de Langres (Haute-Marne) font l’objet d’une importante rénovation. Elle s’achèvera en 2028 avec pour objectif de rendre toute leur splendeur à ces joyaux du patrimoine, témoins...

Innovation

À Nevers, des travaux de sécurité obligent à abattre plusieurs spécimens en bord de Loire. La ville transforme leur bois en mobilier urbain et sculptures....

Innovation

Depuis 2022, la capitale de la Loire-Atlantique déploie dans ses quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) un programme de construction ou d’aménagement de maison de santé. Elle...

NE PERDEZ PAS L’INSPIRATION,

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER

Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer les lettres d’information de la société Innomédias. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans la lettre d’information.
En savoir plus sur la gestion de vos données personnelles et vos droits