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Issy-les-Moulineaux fait le pari de rouler et se chauffer à l’hydrogène

La rédaction
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Publié le 24 février 2022

Cela aura été un spectacle hors du commun. Le 22 octobre 2019, la plus grosse flotte de véhicules utilitaires à hydrogène jamais rassemblée a paradé dans les rues d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), à l’occasion de la Journée mondiale de l’énergie. Au total, 300 engins parmi lesquels une cinquantaine appartenant à Engie Cofely qui possède ce qui est annoncé comme la plus grande flotte d’Europe.

André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux

Cet événement à travers lequel André Santini, le maire de la ville, a cherché à signifier la volonté de participer à la lutte contre le réchauffement climatique grâce au développement de l’usage d’énergies décarbonées et à la réduction de la consommation d’énergies fossiles, est aussi précurseur de projets en plein développement que la cité des Hauts-de-Seine met en œuvre pour favoriser le développement de l’hydrogène-énergie verte sur son territoire.

« Il y a un an, le maire nous a demandé de réfléchir à cette question. Une simple phrase qui représente pour nous à la fois un atout et un défi, comme le montre aujourd’hui la hausse des prix de l’énergie », confie Raymond Loiseleur, président de la société publique locale Seine Ouest aménagement qui a pris le dossier en main.

Si la commune réputée pour ses innovations et son soutien aux jeunes entreprises innovantes se dit particulièrement compétente pour porter ce projet, l’établissement public territorial Grand Paris Seine Ouest (GPSO) dont elle est membre en est également partie prenante.

De la distribution  à la production d’hydrogène

Le projet élaboré sous la maîtrise de la SPL porte sur deux volets : la mobilité et, plus novateur, l’urbanisme.

Côté mobilité, elle s’est engagée dans une démarche de sourcing afin d’identifier les opérateurs susceptibles de s’investir dans ses projets et de les porter techniquement et financièrement. Le premier consiste en l’aménagement d’une station de distribution d’hydrogène. Elle est destinée à alimenter dans un premier temps des véhicules légers utilitaires ou voitures de particuliers, puis des engins plus lourds, camions et bus de dessertes locales (hors ceux de la RATP).

Dans cette affaire, la collectivité ne débourse pas un centime. L’investissement initial et l’exploitation seront attribués à un des opérateurs identifiés. L’heureux gagnant bénéficiera d’une convention d’occupation du domaine public, puis ultérieurement d’une concession de service. Le site devrait entrer en fonctionnement au mois de juin prochain.

L’ambition en termes de mobilité ne s’arrête pas là. La ville souhaite voir éclore sur son territoire un second site qui sera à la fois un centre de distribution, une unité de production d’hydrogène vert et une plateforme logistique.

Cette dernière, d’une superficie de 2 000 mètres carrés, sera réservée à des grossistes s’engageant à livrer les commerces, entreprises ou particuliers du territoire, à l’aide de véhicules à hydrogène. Cette réalisation, qui devrait être livrée elle aussi en 2022, bénéficiera du même montage que la précédente. « Le toit du hangar sera végétalisé », complète le directeur général de la SPL, traduisant ainsi la volonté de la collectivité de verdir la commune.

Un écoquartier à hydrogène

L’autre grand projet porté avec GPSO est la réalisation d’un écoquartier à hydrogène. Actuellement, la ville abrite sur le secteur dit « Axe Seine » un quartier entièrement dédié aux activités tertiaires (voir photo en haut de l’article).

Les bâtiments abritant les locaux de Canal+ et de Transdev récemment rénovés seront conservés en l’état. Le reste des édifices est promis à des opérations de démolition-reconstruction avec l’objectif de créer un quartier mixte de 110 000 mètres carrés. Il accueillerait désormais un ratio de 60 % de logements, dont un quart de logements sociaux, le reste demeurant dédié au tertiaire.

Hydro Seine, tel est son nom, sera doté d’un réseau de chaleur et d’une chaufferie fonctionnant à l’hydrogène, intégrera les standards d’une smart-city hydrogène pilotée à basse consommation, voire même à énergie positive. Prévue pour débuter en 2024, l’opération serait la première du genre en France.

« Nous travaillons avec des opérateurs d’hydrogène pour l’aménagement de la chaufferie et du réseau de chaleur pour la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire », poursuit Raymond Loiseleur. Le système devrait fonctionner grâce à l’hydrogène vert, « un vecteur efficace et peu onéreux, car il suffit d’avoir de l’eau », mixé avec le recours à de l’électricité verte produite à l’extérieur de la commune, mais aussi avec des ressources locales à venir, « grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques et, pourquoi pas, à la méthanisation des déchets organiques. »

Dominique Latier

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