Répression, prévention, dépénalisation ou légalisation ? D’autres pays expérimentent en matière de lutte contre le trafic de cannabis, avec des résultats plus ou moins convaincants. Reste le Portugal qui, en tentant de fusionner prévention, répression et dépénalisation, semble offrir une alternative crédible.
Tous les pays d’Europe en sont atteints, mais aucun n’apporte une réponse identique à la toxicomanie liée au cannabis. La plupart des clichés sont brouillés par des législations qui mêlent la détention, la vente ou la production en les compliquant de l’élément de la quantité.
Mais il en est quatre dont l’image de la prohibition doublée de répression est nette : la France, la Hongrie, la Suède et la Belgique.
Viennent ensuite des pays d’un entre-deux qui prend en compte à la fois l’impossibilité d’une répression aveugle et la réalité de la société. Parmi eux, l’Allemagne, qui a cessé de réprimer la possession de cannabis à la condition qu’elle n’excède pas 6 à 15 grammes selon les régions, ou la République tchèque où l’on peut détenir 15 grammes d’herbe et cultiver cinq plants à usage personnel.
Le registre de la dépénalisation est épuisé ; reste celui de la légalisation avec autant de variantes que de limites.
La vente par l’Etat envisagée aux Pays-Bas
Ancêtres de la dépénalisation, voire d’une forme de légalisation, les Pays-Bas battent en brèche dans la réalité l’image de licence absolue qu’ils véhiculent. Il est vrai que la consommation de cannabis dans les coffee shops est tolérée depuis 1928. Pour autant, la consommation ne peut y excéder 5 grammes par personne majeure, la vente en dehors de leurs murs demeurant illégale.
Une interdiction qui n’aura peut-être qu’un temps depuis que le pays réfléchit depuis deux ans à une production supervisée par l’État, commercialisée sous son contrôle, ce qui en ferait le pionnier européen de la légalisation à l’instar du Canada.
Quasi légale chez nos voisins méditerranéens
L’Italie n’en est pas loin depuis qu’elle a légalisé l’usage et la culture du cannabis en décembre 2019, tout en contenant cette dernière dans des limites floues.
En Espagne, où le cannabis est plus populaire que le tabac, les règles peuvent varier selon les régions. Toutefois, il est un principe national : le cannabis à usage individuel est dépénalisé depuis 1983 à la condition de se confiner dans l’espace privé où il est permis de cultiver et de consommer dans la limite de 15 à 20 grammes par personne.
Dans les supermarchés catalans
La Catalogne, elle, est passée au stade de la légalisation pure et simple : les petits supermarchés où l’on peut faire ses emplettes de semences et matériel de production y font florès.
Deux modèles s’imposent dans le débat opposant la dépénalisation à la législation, desquels il ressort que malgré la timidité de l’un et les faiblesses de l’autre, celui de la répression absolue n’est peut-être pas aussi pertinent qu’on l’imagine en France.
Le bilan positif du Portugal
C’est en 2000 que le Portugal a décidé de dépénaliser l’usage des drogues, toutes confondues, du cannabis à l’héroïne. Et cette dernière est particulièrement visée, le pays comptant pas moins de 100 000 héroïnomanes avec les infections au VIH qui sont consubstantielles.
On a mis un terme aux amendes, procès et incarcérations systématiques pour leur substituer une prise en charge. « Il y a désormais une distinction entre la procédure criminelle et la simple procédure administrative. Les personnes sont amenées au commissariat où la police détermine, selon la quantité, si les substances sont destinées à un usage personnel ou non. S’il n’y a pas de soupçon de trafic, ces personnes passent devant une commission de dissuasion de la toxicomanie composée de médecins, de juristes et de travailleurs sociaux », explique João Goulão, directeur du Service d’intervention pour les comportements d’addiction et de dépendance (le Sicad).