Patrice Bessac, président d’Est-Ensemble, estime, à l’ouverture de la Convention citoyenne locale sur le climat et la biodiversité (CCLCB), qu’il faut « faire face en même temps aux enjeux de justice sociale et de justice environnementale ».
Propos recueillis par Jacqueline VIRUEG
— Qu’attendez-vous de ce « jury citoyen » organisé sur le modèle de la Convention nationale sur le climat ? Celle-ci a pourtant eu très peu d’effets tangibles. Espérez-vous lever le blocage sur la question très sensible du dérèglement climatique ?
Patrice Bessac : Je souhaite que cette Convention citoyenne locale sur le climat et la biodiversité, la première en région parisienne, affiche publiquement le décalage entre le gigantesque défi de la crise climatique qui fait peser de nombreuses menaces, notamment sur les populations les plus en difficulté, et nos politiques locales actuelles. Comment susciter une prise de conscience réelle de cette urgence ? J’espère que l’initiative qui débute aujourd’hui contribuera à faire émerger un large espace de débat, indispensable pour produire enfin des réponses politiques à la hauteur des enjeux ! Voilà ma première attente, très forte, de notre convention citoyenne locale, au-delà même de ses résultats.
— Les participants formuleront des propositions, que vous avez promis de présenter au Conseil de territoire. Elles peuvent être adoptées ou rejetées…
PB : Impossible de savoir aujourd’hui si les propositions de la convention seront toutes adoptées, c’est certain. Mais leurs auteurs savent que je m’engage à présenter au Conseil de territoire l’intégralité de leurs demandes. Je m’y tiendrai. Je pense d’ailleurs que les déboires de la Convention nationale sur le climat proviennent d’abord d’une promesse non tenue. Ils découlent aussi de ce que les pouvoirs publics n’ont pas assumé la complexité de la question du dérèglement climatique.
Mais face à ce choc climatique, notre première responsabilité est de prendre en compte la réalité ! Nous sommes la dernière génération à pouvoir agir… Je suis d’autant plus ému par la générosité des personnes tirées au sort, présentes aujourd’hui, qui s’engagent dans ce travail collectif pour six mois et qui témoignent clairement de leur volonté de jouer un rôle dans cet exercice démocratique. Je suis très curieux d’en voir les résultats…
— Qu’apporte l’échelon du territoire à la lutte contre le dérèglement climatique ? Et précisément celui d’Est-Ensemble ? Quelles mesures locales à un défi global, posé à toute la planète ?
PB : À l’échelle du territoire, nous avons entre les mains les leviers d’un pan très important de l’économie : l’urbanisme, l’aménagement des espaces, le financement de leur « naturation », la conception des voies publiques. Ces dernières peuvent, selon qu’elles sont ou non végétalisées, présenter un écart de température de 1,5 à 2 degrés les jours de forte chaleur.
Est-Ensemble a aussi la compétence de la gestion des déchets, qui représentent 200 000 tonnes par an pour le territoire, volume que nous voulons réduire. C’est dire que la lutte contre le gaspillage alimentaire dans la restauration collective, par exemple, constitue un de nos axes de travail ! Nous travaillons aussi sur l’habitat, sur l’isolation des logements pour réduire la dépense énergétique, sur la rénovation des constructions dégradées, la redynamisation des copropriétés en déshérence, etc.