Foule, impossibilité à monter dans une rame, attente, ultraproximité… L’heure de pointe dans les transports en commun est un problème bien connu des grandes zones urbaines. Il y a quelques années, Rennes en faisait les frais sur sa ligne de métro, le matin. Jusqu’à ce que la Ville ait une idée lumineuse : négocier avec l’université le décalage de l’heure d’arrivée des étudiants. Une réussite : la ligne de métro s’en est trouvée décongestionnée. L’opération date de 2012, mais elle trouve un nouvel écho en pleine pandémie de Covid-19.
Derrière cette opération, le Bureau des temps rennais. Sa mission : prendre en compte la question temporelle dans l’élaboration de la politique de la Ville afin d’améliorer le quotidien des habitants. À partir de données recueillies via des enquêtes de terrain, le Bureau peut par exemple travailler de manière transversale avec les services concernés sur les horaires des agents, ceux d’ouverture des services publics, sur les flux dans les transports ou encore sur la poly-fonctionnalité des bâtiments publics selon les horaires de la journée.
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François Alla : « l’égalité aux soins fait partie du pacte républicain »
François Alla est praticien hospitalier au CHU de Bordeaux et professeur de santé publique à l’Université de Bordeaux. Il est président de la Conférence régionale de santé et de l’autonomie de Nouvelle-Aquitaine. Parmi ses ouvrages : Santé publique année zéro, avec Barbara Stiegler (Tracts Gallimard), La recherche interventionnelle en santé des populations. Concepts, méthodes, applications, avec Linda Cambon et Valery Ridde. (IRD Éditions).
Des solutions transitoires à trouver au-delà des frontières
Face à la désertification médicale, d'autres solutions existent et elles viennent d’ailleurs, portées par des médecins formés à l’étranger. Alors que la France est confrontée à une crise sans précédent dans ses hôpitaux et ses territoires désertifiés, ces praticiens venus du monde entier apparaissent comme une réponse immédiate. Mais leur accueil soulève autant de questions qu’il n’apporte de répit.
Une piste est déjà empruntée depuis plusieurs années : celle des PADHUE, ces médecins déjà présents sur le territoire français, mais souvent relégués à des statuts précaires, en attente d’intégration pleine et entière dans le système de santé. Ces médecins ont appris notre langue, accepté des conditions de travail dégradées. Et pourtant, ils restent sur le banc de touche. Bloqués dans des statuts précaires, des contrats d’intérim, des postes sous-payés, des parcours kafkaïens de validation de diplôme.
La fin du numerus clausus en médecine ne se traduira pas avant de longues années dans les effectifs de médecins. Ces solutions alternatives sont donc des solutions d'urgence, provisoires.
La fin du numerus clausus en médecine ne se traduira pas avant de longues années dans les effectifs de médecins. Ces solutions alternatives sont donc des solutions d'urgence, provisoires, et bienvenues pour des milliers de patients qui ne parviennent plus à accéder aux soins. Mais elles ne sont que provisoires, et n'exonèrent pas d'un débat et de décisions politiques à la hauteur du système de santé français.
Les PADHUE pour relancer les hôpitaux ? Le cas alésien
Ces médecins formés hors de l'Union européenne sont plus de 19 000 à travailler en France. Au prix d'un statut précaire, et sans garanties d'installation définitive. Ils peuvent pourtant jouer un rôle de premier plan face à la désertification.
Les PADHUE sont des praticiens diplômés hors Union européenne. Ils représentent déjà 8 % des médecins en activité en France, selon l'Ordre des Médecins. Au 1er janvier 2025, ils sont 19 154 à être inscrits au tableau de l'Ordre, dont 15 972 en activité régulière. La région Île-de-France concentre une part significative de ces praticiens : 38,3 % des anciens PADHUE y exercent, avec des proportions particulièrement élevées en Seine-Saint-Denis (21 %), dans le Val-de-Marne (16 %) et à Paris (6,7 %). La grande majorité d'entre eux est originaire du Maghreb, mais aussi d'Afrique subsaharienne, du Proche-Orient et d'Europe de l'Est.
Avant d'y parvenir, le parcours de ces médecins repose sur trois étapes : la réussite aux épreuves de vérification des connaissances (EVC), la validation d’un parcours de consolidation des compétences (PCC) en hôpital, puis la délivrance d’une autorisation individuelle d’exercice par le ministère de la Santé. Pour les premiers concernés, c'est loin d'être aussi simple que sur le papier. Leur trajectoire est parfois qualifiée de véritable chemin de croix…
Pourtant, leur rôle dans le fonctionnement, voire la relance de certains hôpitaux, est très loin d'être marginal, comme en témoigne Christian Cataldo, directeur du centre hospitalier d'Alès (Gard). Un établissement qui couvre un bassin de vie de 138 000 habitants, qui a reçu en 2024 plus de 50 000 visites à ses urgences et qui a compté 136 490 journées et venues d’hospitalisation.
« Plusieurs...
Vers une nouvelle gouvernance de la santé ?
Avec 6 millions de Français sans médecin traitant et 87 % du territoire classé en zone de désert médical, la France a du mal à faire face à ses fractures sanitaires. Le « Pacte Bayrou » présenté fin mai promet une révolution : améliorer l’accès aux soins avec 50 millions de consultations supplémentaires, former plus et renforcer les coopérations entre soignants. Il ambitionne encore d’instaurer des obligations territoriales : deux jours par mois en zones rouges pour les médecins et pour les internes de passer en zones sous-denses. Ces mesures sont déjà largement contestées, à commencer par les internes et les professionnels de la santé. Plus encore, elles doivent passer l’épreuve du réel, leur efficacité dépendant moins de leur annonce que de leur ancrage territorial concret. Or justement, face à l’urgence sanitaire, les collectivités locales, bien qu’ayant peu de compétences en matière de santé, multiplient les initiatives.
Innovation, prévention et service public
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