BANNIÈRE INNOVATION 2
Des villages aux métropoles, les élus cherchent tous des solutions pour répondre aux besoins des habitants et ils se montrent souvent audacieux et débrouillards. Dans le domaine social, environnemental, numérique, économique ou intergénérationnel, les idées ne manquent pas. Petit tour d’horizon de ces projets qui nous inspirent.

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Depuis sa mise en service, Téléo transporte 8 000 passagers par jour à 75 mètres au-dessus de la Garonne. © Jean-Luc Thomas

14 novembre 2022

Toulouse, un transport en commun qui survole la ville

La Ville Rose s’est dotée d’un téléphérique franchissant la Garonne pour relier trois pôles consacrés à la santé. Il s’insère dans le réseau de transports en commun pour désengorger le trafic routier en centre-ville.

C’est le plus long téléphérique urbain de France ! Avec ses 2,7 km, Téléo est le nouveau téléphérique urbain mis en service à Toulouse le 13 mai. Il relie l’Oncopole à l’université Toulouse-III-Paul-Sabatier en franchissant la Garonne, avec une station intermédiaire à l’hôpital Rangueil. Son tracé permet d’éviter un passage par le centre-ville. Cela représente, à la fois, un gain de temps pour les usagers qui devaient traverser le centre-ville pour effectuer ce trajet et un impact positif sur la circulation automobile dans la ville. L’idée de cette liaison avait été lancée par l’ancien maire Philippe Douste-Blazy, après l’explosion de l’usine AZF, en 2001. L’édile envisageait sa création sur le site de l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, l’Oncopole, et estimait qu’il faudrait ouvrir une voie de communication pour le relier aux deux autres pôles de santé majeurs que sont le CHU et la faculté de médecine. Il aura fallu plus de vingt ans pour que le projet devienne réalité. Et il est vrai que la construction de cet équipement était d’autant plus attendue que ces dernières années, avec plus de 15 000 nouveaux habitants et 7 000 emplois créés par an, les réseaux routiers étaient quasiment parvenus à saturation.

Performant et fluide

Le jour de l’inauguration, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la Métropole, se félicitait de proposer, avec la mise en service du téléphérique, un « réseau de transports en commun performant, fluide, vert et couvrant le territoire ». En effet, Téléo a été intégré à Tisséo, le réseau de bus, trams et métros de la ville rose, et est accessible avec les mêmes titres de transport. Il est également connecté au réseau routier et cyclable avec un parking relais pour les autos et les vélos. Aux heures de pointe, la capacité du téléphérique à propulsion 100 % électrique est de 1 500 voyageurs par heure dans chaque sens, les besoins journaliers ayant été estimés à 8 000 voyageurs. Sa réalisation aura nécessité un investissement de 82,4 millions d’euros, financé à 80 % par la société publique locale Tisséo Collectivités, et pour le restant, par des contributions de l’État et de la région Occitanie.

Dominique LATIER

11 octobre 2022

À Lille, le soir, les bus s’arrêtent à la demande

Depuis le 7 juin, tous les voyageurs des bus circulant après 22 heures sur le réseau lillois Ilévia peuvent descendre entre deux arrêts : il suffit pour cela d’en faire la demande au chauffeur.

Expérimenté durant l’été 2019 par la métropole européenne de Lille sur trois lignes du réseau, le dispositif a donc été généralisé aux lignes circulant tard le soir, soit près de 25 lignes. Inscrite dans le Plan national de la lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles, la descente à la demande est préconisée par le ministère des Transports depuis 2018. Elle répond à un double objectif : faciliter la mobilité de tous, notamment des personnes à mobilité réduite ou ayant du mal à se déplacer à pied, mais surtout de renforcer la sécurité, notamment des voyageuses, en permettant une descente au plus proche de leur destination finale. L’arrêt à la demande d’Ilévia s’adresse ainsi à toute personne se déplaçant seule, femme et homme, ou accompagnée d’enfants, afin d’éviter un long parcours à pied dans la nuit. Pour le bon fonctionnement du service, quelques règles doivent être respectées. Le lieu de descente doit se situer sur un tronçon autorisé disposant d’une zone permettant l’arrêt du bus, d’un éclairage suffisant, d’un cheminement adapté au piéton et d’un revêtement stabilisé. Toutefois, c’est au chauffeur de décider, au cas par cas, si l’arrêt est possible ou pas selon les circonstances. Si ce n’est pas le cas, il peut proposer au voyageur de descendre dans un endroit plus approprié. La généralisation a été précédée d’un sondage selon lequel ce service inciterait plus de 60 % des usagers à prendre le bus la nuit.

Élisabeth PAN

Un aperçu du parcours numéro 10 de la métropole : Les terrasses de la Bruche Kolbshein/Hangenbieten. © Alban HeYi/Strasbourg eurométropole

30 septembre 2022

À Strasbourg, vingt circuits créés pour des balades en famille

L’Eurométropole de Strasbourg a édité fin juin un guide de dix balades nature sur son territoire. Les itinéraires à faire à pied, y compris avec des enfants en bas âge ou des personnes à mobilité réduite car accessibles en poussette et en fauteuil, permettent de découvrir les richesses naturelles (faune, flore et paysages) et patrimoniales des communes de la métropole. Tous sont accessibles depuis un arrêt de bus ou de tramway, chaque parcours durant environ 1 h 30. Le trajet effectue une boucle ramenant les promeneurs à leur point de départ.

Cette initiative fait suite à l’édition en 2019 par la ville de Strasbourg d’une brochure identique proposant dix promenades sur la commune. Les deux guides sont disponibles gratuitement à l’office de tourisme, dans les mairies de quartier de la capitale alsacienne et les mairies des autres communes. Ils peuvent aussi être téléchargés (https://www.strasbourg.eu/guide-balades-nature) sur le site de l’Eurométropole. Par ailleurs, les vingt balades sont gratuitement disponibles en audioguide grâce à un partenariat entre l’office de tourisme et l’application izi.TRAVEL qui les héberge sur son site.

Jacques MUCCHIELLI

Daniel Floutard, maire de Combaillaux et Marjorie Malzieu, la boulangère, fiers de leur Painbaillaux. © DR

21 septembre 2022

Combaillaux : quand la commune fabrique son propre pain

Une création qui a germé durant l’été 2020. Le maire de cette petite commune de l’Hérault a réuni les acteurs locaux pour organiser une minifilière locale de production de blé, de farine et de pain. Ce circuit ultra-court a donné naissance au Painbaillaux.

Et c’est à Daniel Floutard que l’on doit cette innovation, qui est quasiment, au sens propre, au four et au moulin. Maire de Combaillaux, commune de 1 500 habitants dans l’Hérault, il est le chef d’orchestre ayant mis en synergie les acteurs locaux pour constituer une filière locale de production de blé, de farine et de pain. « C’était pendant le premier confinement. Nous avions une discussion entre amis et vu la grande disponibilité du foncier agricole, l’idée nous est venue de faire un pain entièrement local », raconte-t-il. Les amis en question sont des personnalités de la commune. Il y a là le responsable du domaine oléicole de l’Oulivie et de son restaurant, celui du domaine vinicole de la Jasse, le fils du maire qui dirige une société agricole et le boulanger installé depuis quatre ans. Chacun apporte sa pierre à l’édifice : la mise à disposition de matériels pour l’Oulivie et la Jasse, l’ensemencement, la culture et la moisson pour le maire, le stockage et la première meule pour la société agricole puis le convertissage en farine fine et l’élaboration du pain pour le boulanger.

« Nous avons dès l’automne 2020 engagé une première saison-test », poursuit l’élu. La commune a mis à disposition un peu plus d’un hectare de terre agricole lui appartenant. Le maire lui-même s’est chargé de la plantation du blé jusqu’à la moisson. Les premières farines sont devenues du pain complet. Ce dernier a été abondamment testé sur canapés lors de réceptions en mairie, de manifestations dans les deux domaines, au restaurant de l’Oulivie, à l’occasion des festivités locales…

Après une première récolte d’une tonne et demie en 2021, la surface cultivée a été plus que doublée. En juillet dernier, les champs ont fourni quatre tonnes de blé. Le pain, issu d’un circuit on ne peut plus court, est désormais vendu à la boulangerie pendant quelques jours par semaine. Les farines produites ne couvrent pas l’étendue des besoins du boulanger, loin de là, mais ce n’est pas l’objectif. Encore que, comme le dit le maire, « nous avons commencé à diversifier les variétés en plantant du seigle et de l’épeautre, et nous avons suffisamment de foncier agricole disponible pour monter en production autant que le boulanger le souhaitera ». Très imaginatifs, les habitants ont surnommé cette miche appétissante le Painbaillaux, un pain entièrement communal.

Pierre MAGNETTO

19 septembre 2022

À Montpellier, les retraités s’activent pour les tout-petits

Voilà une idée qui pourrait bien faire des émules dans d’autres collectivités. D’autant que dans un sondage exclusif à paraître dans notre numéro d’octobre, on constate qu’une majorité des Français se dit prête à s’engager pour sa commune.

À Montpellier, quatorze retraités assurent une mission d’agent de protection des écoles (APE) aux heures d’entrée et de sortie des classes de quatorze groupes scolaires. L’année dernière, déjà, la ville avait fait appel à des seniors pour sécuriser les abords d’écoles signalés par les parents d’élèves pour des risques encourus par les piétons.

« Nous avons fait appel à des seniors pour plusieurs raisons. Souvent, ils perçoivent de petites pensions et quelques heures de travail peuvent les aider à améliorer leur situation », explique Sébastien Cote, adjoint au maire chargé notamment de la police municipale. « Pour nous qui avons créé une réserve citoyenne, c’est une autre façon d’encourager les citoyens à participer à la vie de la cité. Enfin, ça permet aussi de mélanger les générations. » Pour recruter ces contractuels, la ville procède par appel à candidatures. Les conditions pour être retenu, sont : être retraité, avoir moins de 67 ans et résider à proximité d’une des écoles concernées. Ces agents, accompagnés par un cadre administratif de la ville, n’ont pas de mission de police municipale. Ils assurent la sécurité routière durant une heure le matin, et une heure et demie l’après-midi.

Un autre dispositif, « la rue aux écoliers », consistant à interrompre la circulation sur les voies desservant les écoles, a aussi été mis en place dans dix écoles, mais il n’est pas reproductible partout. Les deux dispositifs sont appelés à monter en puissance. Après la rentrée de chaque période de vacances (automne, hiver et printemps), une nouvelle école sera protégée avec l’une ou l’autre des deux solutions.

Crédit photo Nicolas Fagot Studio

24 juin 2022

Saliès, un village tarnais primé pour son audace et son autonomie

Le village de Saliès, 850 habitants dans le Tarn, a reçu le « dauphin de l’audace » du Prix de l’innovation rurale organisé par l’université Paris-Dauphine. Leur initiative : installer des panneaux photovoltaïques sur la salle de sport communale, et les relier à des batteries recyclées.

Le projet est en cours de mise en place. «Il devrait couvrir 30 % de nos besoins, en utilisant 75 % de l’électricité qu’on va produire», a précisé François Rochedreux, le maire, juste avant de recevoir le prix des mains d’Erick Lajarge, directeur général adjoint en charge de la coordination territoriale au Cerema.

Après une phase de réflexion avec l’ensemble des habitants sur la sobriété (une enquête a été menée pour cela avec un chercheur de l’université), la Mairie s’est rendu compte qu’une synergie était possible avec deux entreprises de la région (l’une exerçant dans le photovoltaïque, l’autre dans le recyclage de batteries).

Plus globalement, «la commune de Saliès, labellisée « Territoire engagé pour la nature », est engagée dans un combat très ambitieux et audacieux d’autonomie énergétique que nous souhaitons saluer», résume le jury du prix. En effet, la municipalité a déjà mené plusieurs projets avec pour fil rouge l’autonomie : de l’éco-pâturage (3 ânes broutent l’herbe des bassins de rétention, évitant d’utiliser des tondeuses à carburant), l’installation de ruches pour la production locale de miel, etc.

Le maire et son équipe ont déjà d’autres idées pour poursuivre cette démarche d’autonomie énergétique : «utiliser les surproductions [électriques] pour aller pomper l’eau et ainsi arroser le stade» ou envisager des projets liés à la mobilité.

21 juin 2022

Creuse : des voitures hybrides pour les aides à domicile

Donner un coup de pouce aux aides à domicile du territoire, en leur louant à prix réduit des voitures hybrides : c’est l’initiative portée par l’association creusoise Maison de l’emploi et de la formation 23. Son président, ainsi que des élus du conseil régional Nouvelle-Aquitaine et du conseil départemental de la Creuse qui soutiennent ce projet, remettront les clés des premières voitures ce vendredi 24 juin 2022.

«Les actuels pics de canicule rappellent l’indispensable rôle des aides à domicile auprès des personnes âgées ou des personnes en rétablissement. Pourtant, ce secteur de l’aide à domicile est en forte tension : il doit faire face à des problèmes de recrutement, d’absentéisme, de manque de valorisation du métier… La mobilité est l’un des enjeux identifiés du secteur. Les causes ? Le coût des déplacements très fréquents – surtout en milieu rural -, l’entretien du véhicule…», détaille le conseil régional dans un communiqué.

24 aides à domicile vont dès à présent participer à cette expérimentation pendant deux ans. Ils verseront 200 € de loyer par mois (comprenant l’assurance et l’entretien). 56 autres salariés sont sur liste d’attente. Au total, 147 véhicules hybrides ont été commandés, pour un budget de 86 400 € réparti entre la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (35 000 €), la Région Nouvelle-Aquitaine (28 800 €) et le Département de la Creuse (22 600 €).

D’autres collectivités, comme la municipalité de Dreux, celles dans l’Indre de Rosnay, Douadic, Ciron et Oulches, ou encore le conseil départemental du Loir-et-Cher, soutiennent des initiatives similaires, mais avec des véhicules thermiques.