
Des villages aux métropoles, les élus cherchent tous des solutions pour répondre aux besoins des habitants et ils se montrent souvent audacieux et débrouillards. Dans le domaine social, environnemental, numérique, économique ou intergénérationnel, les idées ne manquent pas. Petit tour d’horizon de ces projets qui nous inspirent.
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22 mars 2023
L’Île de Molène dessale l’eau de mer
On peut être entouré d’eau salée et manquer d’eau douce. C’est le cas de l’île de Molène, située dans la mer Celtique à 12 kilomètres de la pointe du Corsen, dans le Finistère. L’île vient à manquer d’eau douce, notamment en période estivale quand la population insulaire passe de 160 à 600 habitants. En 2022, la sécheresse n’a fait qu’aggraver la situation. Au mois de juin, le maire de la commune, Didier Dehalle, a décidé de transformer l’eau de mer en eau potable. L’île n’avait connu aucune précipitation depuis le mois d’avril précédent et la nappe phréatique était descendue à son plus bas niveau. Compte tenu des réserves, l’élu estimait qu’en juillet, les besoins de la population ne seraient pas couverts au-delà de deux à trois semaines. Il a décidé d’installer une unité de dessalement, un osmoseur capable de filtrer 30 000 litres d’eau par jour, suffisant pour couvrir quasiment la consommation quotidienne des habitants. La machine, équipée de plusieurs filtres permettant de débarrasser l’eau des impuretés, aspire trois volumes d’eau de mer pour produire un volume d’eau potable, les deux autres étant rejetés avec une teneur en sel plus élevée qu’au départ. La commune a investi 50 000 euros dans cet osmoseur. Un coût élevé mais sans doute moins onéreux que s’il avait fallu avitailler des navires en eau du continent.
D.L.

15 mars 2023
Bordeaux limite le numérique chez le jeune enfant
Beaucoup moins d’écrans pour les 0-2 ans. C’est l’ambition d’une campagne de prévention de la municipalité dirigée par Pierre Hurmic. Le but ? Alerter sur les troubles du développement pouvant être provoqués par l’utilisation du numérique. Lancée à la rentrée 2022, cette opération est le fruit d’une large collaboration entre commune, professionnels de santé et institutions partenaires (ARS, Caf, département de la Gironde, Réseau Périnat Nouvelle-Aquitaine). Une démarche qui a débouché sur la publication de deux documents basés sur des constats scientifiques. En septembre, un guide pratique de sensibilisation aux
« risques du numérique » a été édité à destination des professionnels qui opèrent auprès de parents de jeunes enfants. En octobre, un livret à l’usage du grand public est venu compléter le dispositif.
Marius Matty

8 mars 2023
Creuse et Gironde : les aides à domicile passent à l’hybride
Du baume au cœur pour les métiers du soin. Les deux départements se sont associés, à l’initiative de la Creuse, pour permettre aux structures d’aide à domicile de mettre des véhicules hybrides à disposition de leurs salariés. Depuis l’été dernier, chaque collectivité territoriale réalise une commande groupée de voitures neuves auprès du constructeur, qui sont ensuite placées en leasing pour un usage à la fois professionnel et privé. Et le service vaut le détour : entretien, réparation, assurance, changement de quatre pneus et provision pour les frais de restitution. Un tarif auquel il faut néanmoins ajouter une redevance calculée à partir de la distance parcourue à titre personnel, avec un maximum de 25 000 kilomètres par an.
Objectif affiché : offrir des déplacements à des prix plus intéressants que si chacun négociait de son côté. « C’est un moyen de répondre à la crise de vocation que traverse ce secteur », avance Romain Dostes, vice-président à la politique des aînés et aux liens intergénérationnels de la Gironde. « La mobilité y occupe une place centrale, ajoute l’élu. Ces personnes peuvent avoir des véhicules assez vieux. Elles peuvent donc avoir une appréhension à les utiliser. » Cette démarche interdépartementale est aussi une manière de « contribuer à la décarbonation des transports », puisque ces voitures sont hybrides — des Toyota Yaris. À ce jour, environ 200 personnes bénéficient de ce dispositif sur les deux départements. Un effectif qui devrait doubler d’ici juin 2023.
Marius Matty

2 mars 2023
Nice facilite la parole des enfants victimes de violences sexuelles
Les poupées ne servent pas qu’à s’amuser. La commune de Nice a remis, en mars dernier, une trentaine de ces jouets faits de chiffons et de tricots à la Brigade des mineurs locale de la Police nationale. Objectif : faciliter la parole des enfants auditionnés susceptibles d’avoir été victimes d’abus sexuels. Le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles en a également reçu plusieurs exemplaires. Ces poupées, représentant aussi bien adultes et enfants que filles et garçons — en famille —, sont sexuées sous des vêtements amovibles. Elles constituent un outil utile aux policiers et aux psychologues, systématiquement présents lors des entretiens. Faute de trouver ces poupées sur le marché, Nice s’est tournée vers des bénévoles de la Maison des seniors et du Centre communal d’action sociale de la ville pour les confectionner.
Marius Matty

22 février 2023
Transports : Auvergne-Rhône-Alpes joue la simplicité
Vers plus d’accessibilité dans les transports régionaux. C’est l’ambition affichée de la collectivité territoriale présidée par Laurent Wauquiez (LR) qui a publié un carnet de voyage dédié aux personnes en situation de handicap psychique, cognitif ou mental. Il comporte une ribambelle de conseils pour se repérer lors de déplacements en « car région » et en TER. Accessible, le document est rédigé selon la méthode FALC —Facile à lire et à comprendre. Il est, pour cette raison, illustré avec des photographies et des codes couleurs spécifiques. Enfin, les ateliers de conception ont été témoins d’une riche collaboration entre différents professionnels : psychologues, éducateurs, ergothérapeutes, aidants familiaux et un chargé de mission mobilité de la collectivité.
Marius Matty

17 février 2023
Bourgogne-Franche-Comté subventionne le covoiturage
Amplifier les offres de mobilités dans les territoires ruraux. Voilà un des desseins de la région présidée par Marie-Guite Dufay. Elle développe une politique de transport innovante, le « covoiturage subventionné », via une application mobile créée par ses services, « Mobigo Covoiturage ». Un passager paie 1,50 € par trajet — crédité sur le compte de la région — et le conducteur gagne 10 centimes à chaque kilomètre parcouru. Ce dernier touche également 1 € par passager, dans la limite de 3 personnes. Michel Neugnot, premier vice-président en charge des mobilités, rappelle qu’il est possible « conformément à la loi d’être remboursé par son entreprise à hauteur de 50 % ». Quant au fonctionnement de l’application, il est entièrement pris en charge par la collectivité territoriale. Créé en priorité pour faciliter les déplacements « domicile-travail », ce dispositif est expérimenté sur six « bassins d’emploi » depuis février… 2020 ! Alors que le déploiement du projet a été frappé par les confinements successifs, celui-ci prend donc enfin son envol. Mais « les territoires et les entreprises doivent s’en saisir », avertit Michel Neugnot, soulignant le rôle des « EPCI et des entreprises de plus de 50 salariés qui doivent proposer des solutions innovantes ». Une démarche qu’il espère voir tourner à plein régime d’ici « quelques mois ou quelques années ».
Marius Matty

16 février 2023
À Bâle, un bon bain dans le Rhin
À Bâle, en Suisse, le premier mardi suivant la rentrée scolaire, quelque 6 000 nageurs de bon niveau se retrouvent dans le Rhin, se laissant porter par le courant sur près de deux kilomètres. C’est le jour du Basler Rheinschwimmen. L’événement sportif et festif marque l’approche de la fin de la saison estivale qui voit chaque jour des milliers de Bâlois se prélasser sur les rives et se baigner dans le fleuve ou son affluent la Birse. Tout citoyen peut se baigner librement, sans contrôle ni surveillance, le rôle de la ville étant assez limité. Tout le long des rives, elle a installé des panneaux indiquant les zones où l’on peut prendre son bain, celles où il y a danger pour les nageurs et les aires portuaires strictement interdites aux baigneurs. « Nous comptons sur l’esprit de responsabilité de chacun pour respecter les consignes de sécurité. Cela étonne toujours les Français, mais c’est notre philosophie », explique Isidora Rudolph, responsable de la communication à This is Basel, l’office de tourisme de la ville. La commune s’occupe aussi de l’entretien des plages, des douches et des toilettes, et ça s’arrête là. Quatre zones sont matérialisées, trois le long du Rhin, une sur la Birse, et bien sûr, il y a toujours des imprudents nageant au-delà des limites, des casse-cous plongeant depuis les ponts alors que c’est interdit, « mais c’est à leurs risques et périls ». Et du péril il y en a, car des noyades sont à déplorer chaque année.
Pierre MAGNETTO