Le billet de Frédéric DURAND

Une France trahie et abandonnée.

Lorsqu’en 1940 Churchill prédisait à son peuple « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », il n’omettait pas de lui promettre en retour « la victoire, la victoire à tout prix… ». Or, si Emmanuel Macron nous a répété à l’envi depuis des années que nous étions en guerre, le problème avec les sacrifices qu’il exige des Français c’est bien qu’en retour, il ne lui promet rien, pas la moindre lumière au bout du tunnel. Qu’il n’ait plus le souci de sa réélection est une chose, qu’il demande au peuple français de marcher à tâtons dans l’obscurité pendant 4 ans encore en est une autre.

Et si c’était lui qui était en train de transformer le peuple en foule tant il est impuissant à lui offrir un avenir.

Le sentiment de déclassement qui couvre aujourd’hui l’ensemble du pays à l’exception peut-être du cœur des métropoles, dessine les contours d’une France exaspérée, trahie et abandonnée par ses élites depuis près d’un demi-siècle. Depuis l’entrée en fanfare dans la mondialisation prétendument heureuse, qui a fini par nettoyer la France de ses industries, la délester de ses services publics de proximités, de ses lignes ferroviaires à ses maternités en passant par ses services postaux, ses médecins de campagne ou ses petits commerces. La France de la mondialisation est devenue immonde.

Par goût de l’imitation et de la modernité, par ignorance et mépris des classes populaires, par manque de créativité et d’imagination politique, les pouvoirs successifs en France n’ont fait que suivre la tendance mondiale à l’uniformisation mercantile. Sans se poser les questions évidentes : quelle est l’identité réelle de notre pays, quels sont ses atouts, ses spécificités, son originalité qui vont nous permettre de nous construire un avenir prospère. Au lieu de quoi nos intelligences nationales sont allées chercher modèle ailleurs, dans l’économie néolibérale, de quoi forger sans succès notre futur.

Réduit à tant d’impéritie lorsque le gouvernement demande aux Français de travailler deux ans de plus il se heurte naturellement à sa réprobation et à son incompréhension. Et le pouvoir macroniste, de plus en plus hors-sol, finit par nous renvoyer à cette citation d’Einstein : “La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : Rien ne fonctionne… et personne ne sait pourquoi !

Frédéric Durand, directeur de L’Inspiration politique